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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Confinement, jour 45 Le cimetière des dents

Cadmos tue le dragon dont il sème les dents sur le conseil d'Athéna, cinq Spartes sortent du sol.

Cadmos tue le dragon dont il sème les dents sur le conseil d'Athéna, cinq Spartes sortent du sol.

 
Un lot une dent seule
Un lot 2 dents
Un lot 3 dents
Un lot 4 dents
Un lot 2 dents
(9 novembre 1891)
 
Voix 1
Tout avoir vu
L’objet de toutes les recherches
La semence première
Retrouver dans la violence la poésie
Avoir retenu les mots
Et
Après des errances
Arriver
Dans la poussière
Telle qu’avant toute naissance
Poussière, mes frères
Souffrir
Ne plus penser aux ténèbres
Avoir mal
Chaque jour continuer
Partir
Un voyage au fond des ténèbres
Sur une civière
Puer la fièvre
Puer la crasse
Puer l’humidité
Abandonner son corps
Retrouver sa mère
Mourir dans la poussière
Du cimetière des dents.
 
Resté stérile
Nul Sparte n’y naquit.
Et Jason laboure encore avec ses taureaux féroces
un champ pour y enterrer les dents du monstre,
gardien de la toison d’or.
 
Voix 2
Ma jambe aujourd’hui encore
Un couteau dans les reins
Je ne peux plus ne rien faire,
il faut une civière et la couvrir,
c’est la saison des pluies.
Combien d’hommes pour porter?
Dix? Douze?
et cette dent…
Nous remontons le temps sous des déluges impassibles.
Douleurs toujours,
depuis combien de temps ce patineur délicieux
dans ce petit val où je veux dormir.
Nous continuons en pataugeant dans une boue puante,
passant devant des êtres blanchis par le sel du temps…
sur une jambe.
Des colliers de dents de lions aux cous décharnés.
J’entends les cris des femmes vieilles depuis le début de l’éternité
qui accompagnent de leurs mélopées
les trous noirs de ma mémoire.
Et toujours je suis dans la crasse
Et toujours je suis dans l’humidité
Et toujours je suis dans la douleur
Et toujours mon désespoir -
j’ai déjà vécu ce voyage dans une saison aussi pluvieuse -
Jadis.
© Mermed
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