Le voyageur Nissart

J'étais tranquillement attendant – attendant avec un a, pas comme résident qui s'écrit avec un a mais que la mairie d'Èze préfère écrire avec un a – ici attendant signifie que j'étais en train d'attendre les délices à nous proposés par le cuisinier Maxime, quand celui-ci vint me narrer une anecdote qui aussitôt unit nos destins.

Vingt neuf années plus tôt, Maxime, alors serveur – autant en formation qu'en alternance – dans un restaurant de l'Isle sur Sorgue, exposé ce jour-là à un Mistral que seul peut connaître le Vaucluse – qui ne se souvient pas de certains soirs où même la voix de Maria Casarès était emportée dans la cour d'honneur ? - Maxime, disais-je, eut le malheur de voir le plat de pieds et paquets qu'il s'apprêtait à servir, emporté par une rafale sur quelques convives – et si, le plat est délicieux aux papilles, il l'est moins en tant que parfum... Le comble du désastre fut atteint quand un des paquets tomba dans le sac à main d'une dame – qui se trouvait être ma mère - barbouillant à les rendre inutilisables les documents qui s'y trouvaient, et – c'est là que nos destins se recoupent – parmi ces documents, mon extrait de naissance, pièce unique (les registres originaux ayant disparu dans un incendie)... La conséquence est que nul ne connaît le jour qui m'offrit au monde (ma mère en effet, suite au traumatisme causé par cet effroyable incident, perdit la mémoire). Par l'intercession – involontaire – de Maxime, je suis devenu l'homme sans âge...

Sans âge, mais pas sans plaisir pour la nourriture –

particulièrement dans les restaurants où l'accueil rehausse encore le bonheur,

bonheur que vous offriront Cédric et Maxime.

Le voyageur Nissart, 19 rue d'Alsace-Lorraine à Nice