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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Âmeatomie 4

le monastère de Voronet en Roumanie fut  construit en 1488; il est l'un des merveilleux monastères de Bucovine.

le monastère de Voronet en Roumanie fut construit en 1488; il est l'un des merveilleux monastères de Bucovine.

7 David Hilbert

Il n'est ni un écrivain, ni un musicien, ni un peintre, c’est un mathématicien que j’aime parce qu’il m’ a aidé à matérialiser l’impossible concept de l’infini; avec son hôtel.

Cet hôtel dont il est le réceptionniste comprend un nombre infini de chambres ; un soir arrive un client, alors que l’hôtel est complet; problème de surbooking dirons nous, mais nous n’avons jamais rencontré LE mathématicien du vingtième siècle à la réception…pour David la réponse est simple, il demande à tous les clients de se déplacer dans la chambre voisine de la leur (en ordre de numéro croissant) et ainsi la chambre 1 se libère et le client s’ installe - ce qui démontre que l’infini est égal à l’infini plus un….

Le lendemain, nouveau problème: un car et ses cinquante voyageurs…que faire?

C’est simple, chaque occupant d’une chambre ira dans la chambre qui porte le numéro double de celui qui est attribué à la chambre qu’il occupe, libérant ainsi un nombre infini de chambres…ce qui est à l’évidence la preuve que la moitié et le double de l’infini sont l’infini.

Si cette démonstration grippe un peu les rouages de notre compréhension, je ne vois d’autre solution qu’une cure intensive de punch au chaud soleil d’une île - pour être certain que l’effet se démultiplie …à l’infini avec Eric Clapton dont Cocaïne berce nos songeries mathématiques.

 

 

 

8 Partir

Je suis tous les blues

je suis toutes les nostalgies

je suis toutes les mélancolies

des heures de mots, des heures de tellement d’amour.

des heures de densité, comment résister à tant d’attente ?

Je n’aurai jamais su que faire attendre, pourquoi m’attends tu ?

Je suis celui qui part, le non-juif errant.

Au bout de la douane de mer à attendre ce bateau qui me déposera

dans le petit port qui escalade la colline en deux colonnes de

maisons blanches dominées par l’église catholique et l’église

orthodoxe, puis

partir dans un autre port et dans une vallée sans fonds, et marcher

et toujours ces visages muets, blancs comme des âmes qui sont sur

le même pont du même rafiot déglingué qui nous emmène vers

d’autres ports, tranquilles escales avant de continuer. Là c’est

beau, ailleurs, c’est…

Et toujours cette seule haine qui est en nous, la haine de l’ennui.

Des heures à regarder le pélican du port, des heures à regarder les

chats sur les barques qui attendent que les poissons privés

d’oxygène par la chaleur de l’été, sautent de l’eau pour les attraper

d’un seul coup de patte.

Et toujours le flac flac des poulpes que l’on vide de leur encre contre

les quais du port.

Et toujours ce Christ qui marche sur les eaux du port de Sivota.

Retrouver l’ivresse du mirage.

Cette après-midi je suis…je suis…mais qui peut on être l’après midi ?

Je suis les pèlerins d’Emmaüs qui ne voient pas celui qu’ils

n’entendent pas et qui leur parle

Tous égaux, tous les damnés qui ne veulent qu’ordre, calme et

volupté et parce qu’ils sont trop humains ne trouvent que la bêtise,

la haine et la barbarie de la banalité.

 

1

Qu’a t’il donc notre ennui

à voyager avec nous,

les mêmes compagnons,

les mêmes certitudes,

la monotonie accompagne nos jours

dans les mêmes chambres

des endroits où aller l’été et l’hiver

notre ennuyeuse gaieté partagée avec tous

mais toutes les lassitudes

pour nos moments de solitude.

 

2

Qu’a t’il donc notre ennui

à nous empêcher

de retrouver la vallée abandonnée.

Personne ne nous rejoindra.

sous la treille

de l’arche de Noé

nous emplirons nos âmes

d’une vallée qui se cache

dans les premières brumes du soir

à l’heure où le vin nous installe

dans un rêve de Wang Wei.

 

3

Qu’a t’il donc notre ennui

à nous imposer les fatigues de voyages

qui nous empêchent de partir ailleurs.

Où est-il le petit port ignoré?

aucun bateau ne reviendra

avant beaucoup de jours

une taverne, boire le café

en regardant le temps filer

sous les doigts des vieux

et puis, marcher,

écouter les paroles du vent,

aimer encore.

 

4

Partir avec Beethoven à Vienne

écouter le septième trio avec piano.

prévoir une étape dans la ville à laquelle

Astor Piazzolla a donné

des bons airs et des tangos de liberté.

continuer son voyage

avec le saxophone de Coleman Hawkins

à cloche pied du corps d’une femme

à l’âme de la musique.

Aller ensuite dans la forêt

écouter la Finlande de Sibelius,

garder le dernier jour pour Varsovie

et survivre grâce à Arnold Schönberg.

 

6

Ainsi qu’aux savanes

du pays des origines

son refuge est provisoire

pour éviter les tempêtes

des jours de mélancolie, de tous les jours

derrière le bâti

à l’abri d’un ouragan de solitudes

il est prêt pour le départ

dans la fumée

sa femme et son enfant le rejoignent

ils libèrent

le verbe du sein de la mère.

 

7

Des jours et des jours

avant de partir

quelques marches, une porte

et il sera ailleurs.

Y a t’il encore un ailleurs

autre que celui où ils sont,

qui est son pays

d’où il ne peut plus revenir.

 

8

Soixante sept

sur une barque délabrée

ils flottent vers autre part

n’importe quel autre port

froid et pauvre

moins pauvre, pensent-ils.

Un mauvais coup de vent

ils ne seront pas nombreux

ceux qui auront la chance

d’être ramenés chez eux.

 

 

 

9 Bucovine

Devant le monastère en Bucovine

la fidèle femme du pope, Line,

toute vêtue de noire popeline

- sur le moment cela me fit rire

tel un lao Tseu sur le point d’écrire

comment peuples et petits poissons frire -

mais trêve de digression,

reprenons, nous disions,

la fidèle femme du pope, Line,

devenue Phoebe, stripteaseuse Argentine,

toute dévêtue de blond platine,

jadis, pour moi seul, amoureusement,

patinait la nuit merveilleusement

éclairée par le dernier phare

sur la place de la gare

dévastée de Harar

où je mâchais paresseusement du qat

que m’avait donné la sombre Hécate

dont les féroces chiens

poursuivaient l’albinos Abyssin;

lui, pendant ces événements, accédait à la Nova Vita

en gravissant l’escalier des vertus à Sucevita.

 

à suivre

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