Que faire quand on s'appelle Navo'i ?
On fait poète, aurait dit Lord Byron à la mère qui le
questionnait sur l'orientation professionnelle de son petit garçon.*
Un poète nous a donné Timour Lang -
Timour le boiteux
il l'appela Tamburlane,
ce mongol, ce nomade,
qui vint se fixer en Afghanistan
et créer un empire qui longtemps -
le croirez vous ? -
encouragea les artistes.
C'est dans cet empire, à Herat,
que Navo'i,
'le possesseur du chant' (la réponse de Byron lui avait été inspirée par sa profonde connaissance du vieil Ouzbek)
apprit d'abord cent-mille vers,
pour pouvoir à son tour en écrire autant.
Ivre de beauté, ivre de vérité,
amant des femmes qui galopent parmi les ruines des cœurs,
incroyant d'amour,
en quête d'une table de casino dont les jetons seraient les cœurs des amants.
Chien errant sur les routes,
quémandeur d'une coupe de bonté,
il donne des vers à faire danser le soufi,
il donne des vers à nous faire rêver.
Pour lire Navoï, à défaut de connaître l'Ouzbek ou le Turc, il y a un petit livre en Français, Gazels et autres poèmes traduits par Hamid Ismailov et adaptés par Jean Pierre Balpe (Orphée La Différence, 1961), il existe un peu plus de traductions en Anglais ou en Allemand.
*Wynstan Hugh Auden Lettre à Lord Byron
© Mermed