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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Enfant indifférent

Jean Cocteau, cette pièce, Edith Piaf, Jacques Demy, aucun rapport si ce n'est un mot...

Jean Cocteau, cette pièce, Edith Piaf, Jacques Demy, aucun rapport si ce n'est un mot...

Enfant indifférent du néant,
né des concupiscences du vide,
sans nom des éternels errements,
engendrant le tohu-bohu livide,
immense caravansérail, avide
hospice de toutes les fureurs passionnées;
il attend que vienne le temps de parler.
 
Enfant indifférent de la parole,
dans cette ville de la confusion
arrivé dans les accords de la viole,
plein de désordre et plein des émotions,
devenues douleurs d’incompréhension,
entendant tous les mots qui étaient dits,
tentant de comprendre ce qui est écrit.
 
Enfant indifférent aux mots,
aux mots de haine et aux mots d’amour,
aux mots de la laideur, aux mots du beau,
aux mots de l’esprit, aux mots du balourd,
aux mots nus, aux mots en leurs beaux atours,
aux mots qui disent les vies de tous les ans,
aux mots qui annoncent la fin des temps.
 
Enfant indifférent au jobelin;
du vent, gigolos et mots chimériques !
bruits sans intérêts, laquais de crétins !
allez dans les écoles philosophiques;
débâtez avec de pauvres cyniques;
je ne cherche pas la petite bête, moi
puisque mon cas est par-dessus vos lois.
 
Enfant indifférent aux règles,
cachées sous les tristes vocabulaires
de l’injustice, si pervers et cruels
que ceux que décrètent les grammaires
des justices, dérisoires et arbitraires
reliquats des illusions d’humanité,
qui nous éloignent de l’éternité.
 
Enfant indifférent de la terre,
de ses fleurs les plus horribles, dont l’odeur
de haine s’exhale de tous les cimetières;
de sa lugubre folie de terreur,
sépulcrale fossoyeuse des rêveurs
de paradis qui n’ont plus d’autres formes
que celles fixées par l’universelle norme.
 
Enfant indifférent de l’oubli,
des mots perdus, des mots de plus jamais,
des mots de la lointaine Patagonie,
des mots que tous les amants murmuraient,
des mots que tous les désamants pleuraient;
les premiers des mots qui furent connus,
tous les mots de Shamat à Enkidu.
 
Enfant impatient de l’avenir
des mots jetés du haut d’une ziggurah -
rêve étrange d’un inaccessible nadir -
pour fondre toutes les langues ici-bas
en d’incompréhensibles charabias,
langages chimériques et irrationnels,
masques des désordres intemporels.
 
Enfant inassouvi du destin
de la maladroite inconséquence
des jours enfouis dans les passés lointains,
toujours au risque de perdre le sens
incertain de la constante inconstance
des mots sous lesquels se cachent le néant
et le chaos des vies sans aucun temps.
 
©Mermed

 

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