Rien ni rien...

Atossa (550 av. JC. - 475 av. JC.) fille de Cyrus le Grand, mère de Xerxès, un des personnages d'Eschyle (Les Perses)

C'est un homme navrant autant que piteux,

des mots de poètes ont dit son histoire;

un fat arrogant, aussi sentencieux -

qui ne trouve plus aucun auditoire

pour applaudir à ses mots dérisoires;

ses enfants morts ne lui tirent aucun pleur,

ses démangeaisons sont son seul malheur.

Rien ni rien ne rassasiera sa rancoeur

Et que je pleurniche, et que je me plains...

Mon Dieu, pourquoi m'infliges-tu ces douleurs?

Et si je t'appelais en justice, hein?

moi qui ne connaissais que le bonheur

au travers des compliments des flatteurs,

quand les pères des gamins qui me raillent,

je n'en voulais pas pour garder mon bétail.

Rien ni rien ne rassasiera son bonheur

Les mots d'un auteur (ou plus), pour cet homme,

banal quidam,qui vivait pour paraître -

aussi rogue que sentencieux le bonhomme! -

au fil des siècles et de l'imaginaire,

devenu objet de commentaires,

il nous a été imposé comme le noble

modèle de la souffrance de l'homme.

Rien ni rien ne rassasiera son coeur.

À un tel homme il fallait une épouse,

autre que celle qui lui conseille de maudire

ce dieu ingrat qui sans cesse jalouse

les créatures qui ont tant de désirs,

qu'il ne veut pas qu'ils puissent les assouvir.

Alors on va lui donner Atossa,

la seule qui pourra répondre à tout ça.*

Rien ni rien ne rassasiera sa candeur.

Atossa, aussi gande reine que bonne mère,

en proie à de telles souffrances -

la mort de tous ses soldats et mercenaires -

doit en endurer une plus cruelle encore,

quand revient son fils, que le fatal sort

a épargné; hélas ! Le malheureux

n'est affublé que de vêtements honteux !

Rien ni rien ne rassasiera son impudeur.

Nous sommes tous invités aux noces d'Atossa et de Job...

Rien ni rien ne rassasiera notre pleur.

*je sais, c'est une rime très imparfaite et qui ne rime à rien, mais rien du tout, sauf à mon plaisir...