18 Août 2022
Le premier mot a jailli au milieu des flammes,
des flammes de ces feux qui éclaireraient
les noms écrits dans la poussière,
des noms si vite disparus que
nous avons cuit des tablettes d’argile
pour y déposer nos chiffres et nos mots.
Puis vinrent les jours de nostalgie,
l’abandon de nos tablettes d’argiles,
bien-aimées gardiennes de tous nos écrits
sur des couches de sueur et de sil.
Nous commençâmes à lire des rouleaux de papyrus,
nous avons eu des regrets,
c’était tellement mieux nos tablettes d’argile…
mais les rouleaux étaient plus légers,
plus faciles à transporter;
nous nous sommes accoutumé.
Puis vinrent les jours de nostalgie,
l’abandon des rouleaux de papyrus,
bien-aimés gardiens de tous nos écrits
sous la protection du divin Horus.
Nous avons tanné la peau des bêtes,
et nous lui avons confié nos mots,
nous avons eu des regrets,
c’était tellement plus beau nos rouleaux….
mais c’était moins fragile que le papyrus,
nous nous sommes accoutumé;
Puis vinrent les jours de nostalgie,
l’abandon de nos codex en parchemins,
bien-aimés gardiens de tous nos écrits
gardés du temps au milieu des jasmins.
Nous avons inventé le papier, nous y avons d’abord copié nos mots,
puis nous avons inventé des machines qui l’ont fait à notre place,
nous avons eu des regrets,
c’était si plaisant nos parchemins…
mais c’était plus esthétique tous ces livres dans nos bibliothèques;
nous nous sommes accoutumé.
Vient le temps d’une nouvelle nostalgie,
l’abandon de nos livres en papier,
bien-aimés gardiens de tous nos écrits,
si jolis dans nos salons - salles à manger.
Nous avons mis les mots dans des machines,
bientôt ne resteront que des mots sur des écrans,
c’est difficile, nos livres montraient si bien notre immense savoir…
nous nous accoutumerons …
jusqu’à ce temps où les mots jailliront à nouveau des flammes,
pas celles qui disaient la fin du chaos,
mais celles qui diront le début du néant.
© Mermed