3 Novembre 2022
I Âmeatomie
J’appelle aux sessions du silence nostalgique
le souvenir des vers que j’ai lus,
pris de vertige devant l’ignominie occidentale dite classe moyenne
je mets toutes mes possessions dans une valise.
Je pars,
bien que les hommes aient mis des frontières aux confins où j'aime aller
pour évoquer ce lord anglais qui cherchait une plage lointaine
où terminer en héros son immortel ennui.
Je repars ;
qu’a- t-elle donc mon âme toujours à la recherche
d’horizons chimériques
où la poésie est l'autre connaissance, la connaissance.
A l'heure du commencement impensable comme la fin
quand tous errent sans repos ni trêve,
elle est un savoir non-gai, savoir sans but; savoir intranquille
même si c’est de faire pour rien qui est beau,
même si le travail ne paie pas,
parce que c'est de faire qui compte
surtout faire parce que ne pas aimer ni l'art ni les artistes.
Toujours partir,
à Smara avec l'ange de toutes les vies
à Harar avec un marcheur
parce que poètes, rien ne presse et taisez vous !
Rien n'a jamais donné rien.
et nous avons parcouru toutes les Terres Wastes
dans ces trains pourchassés par des horizons en rut qui réaniment
nos rêves
qui nous ont donné tous ces noms quand nous étions habitants
de Lisbonne.
Et toujours je m'enivrais de toutes les absinthes de toutes les poésies,
toujours être ivre, de poésie, de vin, d'amour
pour que personne n’ait le moindre pouvoir sur moi
pendant qu'un silent mariner vissé sur son pilon écrit
sur les flancs blancs d'une baleine
les non-réponses aux questions que personne ne se pose.
Tout cela avec les mots faux.
tout mot écrit est faux.
tout mot est faux.
Mais qu'est ce qui existe sans les mots?
Rien d'autre que ce que le sauvage a compris
You taught me language and my profit on it is I know how to curse.
2 Conte d’automne
Bien des vies et des morts étaient passées,
notre clan savait garder le feu
des steppes brûlées de l’été aux déserts balayés de vents inconnus.
Ce jour là, j’étais le gardien du feu
je me suis endormi, il s’est éteint.
J’ai été chassé du clan.
J’ai traversé des mers, escaladé des montagnes, évité des clans hostiles.
Un matin, une armée m’a enrôlé.
J’ai été envoyé en Palestine,
J’étais le légionnaire qui a cloué le Roi des Juifs sur la croix
du Golgotha.
Un matin, il n’était plus sur la Croix.
On a dit que j’avais mal enfoncé les clous.
J’ai été chassé de Palestine.
Je suis reparti, j’ai à nouveau traversé des mers, escaladé
des montagnes, évité des
populations hostiles, il y avait plus de monde sur terre, je suis
arrivé dans des steppes où des hommes à cheval m’ont emmené faire
la guerre.
Partout où nous sommes passés, il ne restait que corps disloqués
et ruines.
On a dit que je ralentissais la marche.
En vue de Vienne, j’ai été chassé de cette armée.
A Londres, dans cette taverne, un soir d’ivresse, j’ai raconté ce
que j’avais vu à Christopher
Marlowe avant de le poignarder.
J’ai été exilé sur une île.
J’étais Caliban, mon verbe s’était fait haine.
A Naples, j’étais l’épée du Caravage
En Abyssinie, j’étais la jambe gangrenée d’un voyant.
En Sibérie, j’étais le bagne où Fédor a vu la maison des morts
A Prague, j’étais Gregor, répugnant insecte Samsa.
Je suis devenu Prospero, j’ai rejeté tous mes pouvoirs et mon verbe
est devenu chair.
J’étais la partition sur laquelle Jan faisait tristement danser les notes
J’étais la feuille sur laquelle Marcel retrouvait le temps
J’étais le voyageur inassouvi
J’étais le saxophone de cet oiseau qui pleurait l’amour perdu
Avec la raison à Camarillo.
Et ce soir, je suis un conte d’automne.
3 Innocence
Il avait vécu vingt années dans l’ insouciance,
aucune frontière à sa conscience
il accompagna un homme
qui avait besoin des mots d’autres langages
et qui voulait en Allemagne remettre un gage,
pour obtenir en retour un cadeau,
pour gagner de l’argent, beaucoup pour cet homme
pour l’encore adolescent, pour le jeune homme
riche alors seulement de ses vingt années;
assez pour qu’il se donne le droit à l’arrogance
qu’il puisse se penser l’un des élus…
C’était un paquet du passé
dans un vieux journal emballé,
pour le chef d’ une grande entreprise,
âgé il était le récipiendaire,
il défit le papier journal
qui recouvrait un vieux porte- documents au cuir ridé….
il semblait être dans la même matière
que celle de l’abat jour de l’énorme lampe
qui était sur l’immense bureau
dans cette pièce impressionnante.
Il avait peu vécu
il était naïf
il était innocent,
d’autant plus,
qu’il croyait tout connaître,
innocence…
mais il commençait à comprendre
de retour il demanda ce qu’était ce porte documents,
‘ce n’est rien qu’un porte document’
……??
‘en peau’
….??
‘en peau d’ homme, peut être de femme‘…
l’innocence depuis il ne l’a jamais retrouvée….
oublier sa complicité
dans la perte de toute humanité.
Jamais il n’ a pu.
à suivre
© Mermed