19 Avril 2020
Irrévérences 1
C’est un rade au bord des eaux glauques
du Yangzi Jiang au port de Nankin,
ce soir-là, comme tous les soirs, la voix rauque
de la chanteuse qui se produit au Chopin -
enseigne du cabaret des confins -
étouffe sous la force de son vibrato
les partitions que joue le vieil Aldo.
Penché sur le piano, il psalmodie
en accompagnant ces ritournelles,
lui qui jadis jouait au Carnegie,
quand sa sœur était encore si belle
que sur la scène elle semblait irréelle;
du sexe elle était alors la Diva,
hautaine et lointaine la Cicciolina.
Maintenant, par les années décatie
elle quitte son vêtement de stripteaseuse
et chante les succès de la Nannini;
elle est ici, pour toujours la chanteuse
de complaintes suaves et rocailleuses
quand notes et accords de I Maschi
s’envolent sous les doigts du Ciccolini.
© Mermed