25 Septembre 2020
Arthur Cravan (1887 - 1918 ) Poète qui a écrit une merveilleuse interview imaginaire de Gide et boxeur sans grand succès, toujours battu par K.O.
9
J’aime les poètes
qui croisent le fer dans les tavernes
comme ce mongol Elisabéthain
et ceux qui volent avec les étudiants
pour offrir les fleurs de Notre Dame
aux dames du temps jadis
du fond d’un dépeuploir.
10
J’aime les poètes
qui oublient leurs crimes
dans les drogues
ou l’ivresse
pour retrouver dans le vin
l’âme de dieu,
ceux qui se déshabillent
sur la scène du Carnegie Hall
avant d’aller pêcher le reflet de la lune dans l’eau.
11
J’aime les poètes
qui remontent des fleuves impossibles
jusqu’à des terres vaines
de poussières et de rochers
où les filles du feu
partent d’un point où rien ne se fait
pour aller là où rien n’est à faire
12
J’aime les poètes
inconnus
qui ont écrit sur les murs
des gares des nords
ceux qui ont rejoint
les âmes trop vastes pour le corps des hommes
et rencontré les fils des femmes en noir
sous le soleil noir des mélancolies.
13
J’aime les poètes
ceux qui aiment d’autres poètes,
ceux chez qui j’apprends
d’abord le nom, puis
les vers de ces poètes que je ne connaissais pas;
J’aime lire Christopher Smart
après une lecture d’Allen Ginsberg,
j’ai eu du plaisir à Escouffe
à travers Musset et Cros.
14
J’aime les poètes
même ceux qui ne portent pas ce nom
et qui prêtent leurs mots à Tristram Shandy
ou à Frédéric pour parler à Lou
tout en bas de la plus belle des rues
en dessous du Sacre Monte
sur le lac
mais pour elle
seule la mer…
(à suivre)