Sonnet 120
And for that sorrow, which I then did feel,
Needs must I under my transgression bow,
Unless my nerves were brass or hammered steel.
As I by yours, you've passed a hell of time;
And I, a tyrant, have no leisure taken
To weigh how once I suffered in your crime.
My deepest sense, how hard true sorrow hits,
And soon to you, as you to me, then tendered
The humble salve, which wounded bosoms fits!
Mine ransoms yours, and yours must ransom me.
Tu fus dur, c'est devenu mon aubaine et
pour cette peine que j'eus dans le passé,
ma transgression est une fourche caudine,
si mes nerfs ne sont de bronze ou d'acier.
Si ma dureté t'a brisé comme je le fus
par la tienne, tes jours furent un enfer!
Moi, vrai tyran, le temps je ne l'ai pas eu
pour peser combien de ton crime j'ai souffert.
Qu'au fond de mon âme, notre nuit de désespoir
me rappelle la violence de la douleur,
pour toi et moi, l'un de l'autre recevoir
l'humble baume qui guérit les maux du coeur.
Si tes écarts sont maintenant ta dette;
alors les tiens et les miens se rachètent.
Mots jamais dits en nouvelles constructions,
pour cette peine qui fut la tienne jadis,
aujourd'hui la mienne par traduction,
piètre apprentissage voué à l'oubli.
Si ma maladresse éreinte tes mots,
autant que tous leurs sens m'émerveillent,
moi, maladroit adaptateur, escroc
de tes vers, je vis un enfer de veilles.
Mon âme espère aux nuits du désespoir,
où tes mots m'ont parfois soufflé les miens,
que ton souffle ramène à mon écritoire
le souvenir de mots qui sont les tiens.
Tes errements de langue et de pensée
je ne pourrai que les lire et pleurer.
© Mermed 2014-2015