J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com
14 Février 2020
14 The beat goes on
1
Dans l’une des tours du mur d’ Hadrien
aux confins de l’ancien empire romain
là où maintenant lads et lasses djeordie
viennent écouter Corso et Ferlinghetti
dirent leurs poèmes avec Gary Snyder
soutenus par le beat de Charlie Parker.
2
Après des pintes de Newcastle brown ale
et la lecture des vers des poètes anonymes
sur les murs gris et sales couverts de rimes
de la gare centrale où arrivait Vachel
tout droit venu de la chaleur méridionale
jusqu’à ces frontières septentrionales.
3
Le concert ce jour là de Duke Ellington,
aux saxos Paul Gonçalvès et Johnny Hodges,
et après l’entracte, de retour des loges
les géants Cootie Williams et Cat Anderson,
avec une fille trouvée au hasard d’un verre,
séduite par la jovialité des compères,
propulsée sur la scène en ce soir d’hiver,
elle qui pensait à une party du vendredi
O ! surprise, elle avait trois mille spectateurs…
les musiciens, habitués aux facéties
souriaient et alors sourirent de même
de cette malice la fille et les auditeurs.
4
Dans un pub enfumé jouaient de la musique
des jeunes gens aux guitares très électriques,
une fille dans des fumées interdites
tendait la main et les yeux pour un amour
de passion anonyme jusqu’ au petit jour,
jamais les paroles de l’amour ne furent dites,
dans cette nuit à aucun moment platonique.
5 Marilyn
Nous, les clochards célestes du monde à venir,
assis entre Marx et Pablo Picasso,
pérorant après Dali et Fidel Castro,
avons dit les poèmes du cantique d’avenir,
à cette Marilyn Monroe de nos rêves,
Marilyn ou toute autre, nue, comme elle
vendue sur les cartes postales comme celle
qui est dévêtue sur la plage de nos trêves.
Celle pour laquelle nous survivons à peine
dans ce monde chaotique, qui nous mène
à imaginer un passé, et avec elle
nous, inventons notre avenir ici même
dans le présent, sans aucune solution, dit-elle
car - selon elle - il n’y a pas de problème.
6 The Waltie’s go on
Enfants posthumes et adultérins
de Walt Whitman
et de Henry David Thoreau
sortis de l’enfer des images de Blake et de Dante,
serrés entre Kid Ory
et Dizzie Gillespie
partis de Woodstock où Pétrarque oubliait Laure
dans l’amour de Jean Harlow,
sur la route 66, conduits par Neal Cassidy,
la musique à fond, Ornette Coleman accompagne Janis Joplin,
ils croisent le marcheur Vachel Lindsay
qui échange ses poèmes contre un toit, un verre,
…des rimes à échanger contre du pain.
ils vont partager le blues de Ti-Jean à Mexico
et chercher le chaman Yaqui
qui les guidera dans le labyrinthe de leur œcuménisme
de juifs bouddhistes
de catholiques calvinistes
mystiques du vivant révélé par
la poésie qui révèle ce qui est inconnu et pourtant en nous.
poètes des vies en cut-up des vers de
Rimbaud et Shakespeare,
rêveurs d’un monde sans coercition,
dans une nature sauvegardée
où tout est saint
les poètes beats porteurs
de toute notre actualité…
à suivre