Il est des livres dont je me souviendrai par delà la mort

Rabbi Akiva né vers 50 après J.C.

Il est aussi des livres que l’on peut lire sans les ouvrir – je ne pense pas là à l’un de ces dégoulinances, aussi maniérées que commercialisées,

Je ne pense pas à cet auteur que j’avais abordé deux fois sans plaisir et dont – esclave de la rumeur publique, des critiques, des injonctions et des conseils amicaux – j’ai repris un livre. J’y ai trouvé ce que l’on entend dans un café, dans une salle d’attente, dans un dîner en ville… la quotidienneté médiocre, la pauvreté du langage, la fatuité érudite, sans jamais un seul mot qui fasse rêver ou admirer. En notre temps où la couture et la cuisine sont des arts, voici venu le temps de la mièvrerie des mots et des idées transformée en littérature. Et nous nous y soumettons, et nous ne nous en lassons pas, comme la sérotonine ne se lasse pas de pousser au suicide.

Reviendra-t-il le jour qui nous verra dire à nouveau: 'Le monde entier ne vaut pas le jour où fut donné ce livre.'?*

Mort du mot, mort de l'individu et de tous ses autres.

* Il y a un peu plus de 2000 ans, Rabbi Ekiva parlait ainsi du Cantique des Cantiques.

© Mermed