J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com
24 Mars 2020
'To thee, to thee, my heav'd-up hands appeal,
Not to seducing lust, thy rash relier;
I sue for exil'd majesty's repeal;
Let him return, and flattering thoughts retire:
His true respect will 'prison false desire,
And wipe the dim mist from thy doting eye,
That thou shalt see thy state, and pity mine.'
'Have done,' quoth he: 'my uncontrolled tide
Turns not, but swells the higher by this let.
Small lights are soon blown out, huge fires abide,
And with the wind in greater fury fret:
The petty streams that pay a daily debt
To their salt sovereign, with their fresh falls' haste,
Add to his flow, but alter not his taste.'
'Thou art,' quoth she, 'a sea, a sovereign king;
And, lo, there falls into thy boundless flood
Black lust, dishonour, shame, misgoverning,
Who seek to stain the ocean of thy blood.
If all these petty ills shall change thy good,
Thy sea within a puddle's womb is hears'd,
And not the puddle in thy sea dispers'd.
'So shall these slaves be king, and thou their slave;
Thou nobly base, they basely dignified;
Thou their fair life, and they thy fouler grave;
Thou loathed in their shame, they in thy pride:
The lesser thing should not the greater hide;
The cedar stoops not to the base shrub's foot,
But low shrubs whither at the cedar's root.
'So let thy thoughts, low vassals to thy state'—
'No more,' quoth he; 'by heaven, I will not hear thee:
Yield to my love; if not, enforced hate,
Instead of love's coy touch, shall rudely tear thee;
That done, despitefully I mean to bear thee
Unto the base bed of some rascal groom,
To be thy partner in this shameful doom.'
This said, he sets his foot upon the light,
For light and lust are deadly enemies;
Shame folded up in blind concealing night,
When most unseen, then most doth tyrannize.
The wolf hath seiz'd his prey, the poor lamb cries;
Till with her own white fleece her voice controll'd
Entombs her outcry in her lips' sweet fold:
For with the nightly linen that she wears
He pens her piteous clamours in her head;
Cooling his hot face in the chastest tears
That ever modest eyes with sorrow shed.
O, that prone lust should stain so pure a bed!
The spots whereof could weeping purify,
Her tears should drop on them perpetually.
But she hath lost a dearer thing than life,
And he hath won what he would lose again.
This forced league doth force a further strife;
This momentary joy breeds months of pain,
This hot desire converts to cold disdain:
Pure Chastity is rifled of her store,
And Lust, the thief, far poorer than before.
Look, as the full-fed hound or gorged hawk,
Unapt for tender smell or speedy flight,
Make slow pursuit, or altogether balk
The prey wherein by nature they delight;
So surfeit-taking Tarquin fares this night:
His taste delicious, in digestion souring,
Devours his will, that liv'd by foul devouring.
‘C'est à toi, à toi, que mains levées je m‘adresse,
pas à ton désir de viol, cet atroce appui;
j'implore le retour d’exil de ta noblesse;
qu‘elle revienne et oublie toutes les flagorneries:
son honneur enfermera l’infidèle envie,
dissipant les nuages dans tes yeux en émoi,
voyant comme tu es, tu auras pitié de moi.’
‘Assez‘, dit-il: ‘ce flot sans contrôle ne faiblit
pas, ce délai ne lui donne que plus d’ampleur.
Les petits feux sont vite éteints, les incendies
résistent, le vent ne fait qu'accroître leur fureur:
les ruisseaux insignifiants qui acquittent leur
tribut quotidien aux maîtres salés font l’ajout
de leurs eaux fraîches mais sans en modifier le goût.’
‘Tu es‘, dit- elle, ‘un souverain, un océan;
dans l’infini de tes flots sombrent la noire luxure,
le déshonneur, l‘humiliation, le fourvoiement,
qui veulent pour l’océan que ton sang soit souillure.
Si tous ces vices minables altèrent ta bonne nature,
ta mer aura une flaque pour tout cimetière,
la flaque ne sera pas absorbée par la mer.
‘Tes serviteurs seront rois, toi leur serviteur;
toi, vil avec noblesse, leur bassesse anoblie;
eux, haïs dans ton orgueil, toi, dans leur déshonneur:
à eux ton immonde tombeau, à toi leur belle vie;
ce qui déchoit ne devrait cacher ce qui grandit;
le noyer ne s'abaisse pas aux pieds des halliers,
mais les halliers se flétrissent aux pieds des noyers.
‘Oublie tes pensées, viles vassales de ton état‘ -
‘suffit,’ dit-il; ‘par le ciel, j‘arrête de t‘écouter:
cède à mon amour; ou la haine, non les ébats
des timides caresses d'amour, va te déchirer
brutalement; après quoi je vais te porter
au lit sordide de quelque coquin de valet,
qui sera le partenaire de ton sort abject.
A ces mots, il écrase du pied la torche, orgie
et lumière sont ennemies mortelles; l‘infamie,
repliée dans les ombres de l’aveugle nuit,
d'autant plus qu'elle n'est pas vue est une tyrannie
Le loup a saisi sa proie, la pauvre agnelle crie;
sa voix est étouffée dans sa toison pure,
qui l’ensevelit dans ses lèvres aux douces plissures:
en effet, dans le vêtement de nuit qu’elle porte,
il enferme dans sa tête ses pitoyables clameurs;
rafraîchissant son front brûlant des plus chastes
larmes jamais versées par les yeux de la douleur.
Oh, une couche si pure souillée par l‘impudeur !
qu’elle puisse la nettoyer de ses gémissements,
alors elle en répandrait éternellement !
Elle a perdu une chose plus chère que ses années,
et ce qu'il souhaiterait perdre, il l’a conquis.
D’autres combats naîtront de cette union forcée;
cette brève jouissance créée des années d‘ennuis:
cet ardent désir se change en froid mépris:
Pure Chasteté est dépouillée de son trésor,
la luxure voleuse, désormais moins cousue d’or.
Tel le faucon ravi et le chien rassasié,
perdant la vitesse en vol, le goût des odeurs,
suivant lentement ou refusant en totalité
la proie dont la nature a fait leur bonheur;
ainsi en cette nuit, repu, il traverse les heures.
Son goût délicieux aigri par la digestion,
dévore son désir qui bâfrait comme un glouton.
à suivre