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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Le viol de Lucrèce strophes 141 - 150

Gustave Moreau,  Lucrèce et Tarquin

Gustave Moreau, Lucrèce et Tarquin

 

'Let him have time to tear his curled hair,
Let him have time against himself to rave,
Let him have time of Time's help to despair,
Let him have time to live a loathed slave,
Let him have time a beggar's orts to crave;
And time to see one that by alms doth live
Disdain to him disdained scraps to give.

 

'Let him have time to see his friends his foes,
And merry fools to mock at him resort;
Let him have time to mark how slow time goes
In time of sorrow, and how swift and short
His time of folly and his time of sport:
And ever let his unrecalling crime
Have time to wail the abusing of his time.

 

'O Time, thou tutor both to good and bad,
Teach me to curse him that thou taught'st this ill!
At his own shadow let the thief run mad!
Himself himself seek every hour to kill!
Such wretched hands such wretched blood should spill:
For who so base would such an office have
As slanderous deathsman to so base a slave?

 

The baser is he, coming from a king,
To shame his hope with deeds degenerate.
The mightier man, the mightier is the thing
That makes him honour'd, or begets him hate;
For greatest scandal waits on greatest state.
The moon being clouded presently is miss'd,
But little stars may hide them when they list.

 

'The crow may bathe his coal-black wings in mire,
And unperceived fly with the filth away;
But if the like the snow-white swan desire,
The stain upon his silver down will stay.
Poor grooms are sightless night, kings glorious day:
Gnats are unnoted wheresoe'er they fly,
But eagles gazed upon with every eye.

 

'Out, idle words, servants to shallow fools!
Unprofitable sounds, weak arbitrators!
Busy yourselves in skill-contending schools;
Debate where leisure serves with dull debaters;
To trembling clients be you mediators:
For me, I force not argument a straw,
Since that my case is past the help of law.

 

'In vain I rail at Opportunity,
At Time, at Tarquin, and uncheerful night;
In vain I cavil with mine infamy,
In vain I spurn at my confirm'd despite:
This helpless smoke of words doth me no right.
The remedy indeed to do me good
Is to let forth my foul-defil'd blood.

 

'Poor hand, why quiver'st thou at this decree?
Honour thyself to rid me of this shame;
For if I die, my honour lives in thee;
But if I live, thou livest in my defame:
Since thou couldst not defend thy loyal dame,
And wast afear'd to scratch her wicked foe,
Kill both thyself and her for yielding so.'

 

This said, from her be-tumbled couch she starteth,
To find some desperate instrument of death:
But this no slaughter-house no tool imparteth,
To make more vent for passage of her breath;
Which, thronging through her lips, so vanisheth
As smoke from Aetna, that in air consumes,
Or that which from discharged cannon fumes.

 

'In vain,' quoth she, 'I live, and seek in vain
Some happy mean to end a hapless life.
I fear'd by Tarquin's falchion to be slain,
Yet for the self-same purpose seek a knife:
But when I fear'd I was a loyal wife:
So am I now:—O no, that cannot be;
Of that true type hath Tarquin rifled me.

 

 

 

 

 

‘Donne lui le temps d'arracher ses cheveux bouclés, 

donne lui le temps de tourner sa rage contre lui,

donne lui le temps pour du temps ne rien espérer,

donne lui le temps de vivre comme un esclave haï,

donne lui le temps pour que son pain il le mendie;

et le temps de voir qui vit de la charité

ne daigner lui donner les rebuts dédaignés !

 

‘Qu'il ait le temps, et voit tous les siens

en ennemis, et les fous le moquer;

qu'il ait le temps, et voit comme le chagrin

est un temps très lent, si vite passé

aux heures de folie et félicité !

qu’il ait le temps, son crime persistant

de regretter d’avoir insulté le temps !

 

‘O temps ! tuteur du bien et du pêché,

comment haïr qui fut ton élève, dis !

que l’ombre pousse qui vole à course insensée !

qu’à toute heure il cherche à s'ôter la vie !

seules ses mains maudites versent son sang maudit:

quel homme serait assez vil pour être

le bourreau haineux d’un aussi vil serf !

 

Il est d‘autant plus vil, quand on est fils de roi,

de trahir en actes pervertis les prévisions.

Plus l'homme est puissant, plus puissant est ce qui doit

lui valoir respect ou haine; à la position

la plus haute ira la plus grande indignation.

La lune dans l’eau est incessamment désirée,

les petites étoiles peuvent se cacher à leur gré.

 

Ses ailes, dans la boue, le corbeau peut les noircir

et peut, sans que l’on aperçoive cette boue, voler;

mais si le cygne, blanc comme neige, a le même désir,

la tache restera sur son duvet argenté.

Pauvres valets, nuit obscure; rois, jour de clarté:

les moucherons où qu’ils volent passent inaperçus,

alors que les aigles veulent par chacun être vus.

 

bruits sans intérêts, arbitres impuissants !

allez dans les écoles de rhétorique;

débâtez avec de pauvres débattant;

soyez médiateurs de clients tremblants;

je ne cherche pas la petite bête, moi

puisque mon cas est par-delà la loi.

 

‘J’invective en vain l'opportunité,

le temps, Tarquin et la nuit si noire;

en vain je combats mon indignité,

en vain je repousse mon vrai désespoir;

cette fumée de mots me laisse sans espoir.

Le remède qui peut me faire du bien,

c'est de reverser tout mon sang malsain.

 

Pauvre main, pourquoi frémir à cet arrêté ?

honore toi en me lavant de cette infamie;

car si je meurs, en toi survit ma dignité;

si je vis, tu vis en mon ignominie:

puisque tu n'as pu défendre ta fidèle amie,

et eus peur de blesser son perfide ennemi,

tue la avec toi pour avoir cédé ainsi.’

 

Ceci dit, elle quitte sa couche ravagée, elle veut

trouver l’instrument du désespoir et de mort:

il n’y en a pas, pas plus que de crime en ce lieu;

elle veut donner plus de place à son souffle fort;

qui afflue sur ses lèvres, et s'évanouit lors

comme la fumée de l'Etna, qui brûle dans l’air,

ou celle d’un canon après coup dans l‘atmosphère.

 

Je vis en vain, dit-elle, et je cherche en vain

le moyen de finir une vie infortunée.

J'ai eu peur d'être tuée par le glaive de Tarquin,

pourtant je cherche un couteau dans la même idée:

quand j'avais peur, j'étais une fidèle femme mariée:

je le suis encore: - non, cela ne se peut pas;

Tarquin m'a ôté la noblesse de cet état.

 

à suivre

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