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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Oda a Federico García Lorca (Residencia in la Tierra) Pablo Neruda

Oda a Federico García Lorca  (Residencia in la Tierra)  Pablo Neruda

 

(……)

Si pudiera llenar de hollín las alcaldías
y, sollozando, derribar relojes,
sería para ver cuándo a tu casa
llega el verano con los labios rotos,
llegan muchas personas de traje agonizante,
llegan regiones de triste esplendor,
llegan arados muertos y amapolas,
llegan enterradores y jinetes,
llegan planetas y mapas con sangre,
llegan buzos cubiertos de ceniza,
llegan enmascarados arrastrando doncellas
atravesadas por grandes cuchillos,
llegan raíces, venas, hospitales,
manantiales, hormigas,
llega la noche con la cama en donde
muere entre las arañas un húsar solitario,
llega una rosa de odio y alfileres,
llega una embarcación amarillenta,
llega un día de viento con un niño,
llego yo con Oliverio, Norah
Vicente Aleixandre, Delia,
Maruca, Malva Marina, María Luisa y Larco,
la Rubia, Rafael Ugarte,
Cotapos, Rafael Alberti,
Carlos, Bebé, Manolo Altolaguirre,
Molinari,
Rosales, Concha Méndez,
y otros que se me olvidan.

….

Federico,
tú ves el mundo, las calles,
el vinagre,
las despedidas en las estaciones
cuando el humo levanta sus ruedas decisivas
hacia donde no hay nada sino algunas
separaciones, piedras, vías férreas.

Hay tantas gentes haciendo preguntas
por todas partes.
Hay el ciego sangriento, y el iracundo, y el
desanimado,
y el miserable, el árbol de las uñas,
el bandolero con la envidia a cuestas.

Así es la vida, Federico, aquí tienes
las cosas que te puede ofrecer mi amistad
de melancólico varón varonil.
Ya sabes por ti mismo muchas cosas.
Y otras irás sabiendo lentamente.

 

 

Si je pouvais emplir de suie les mairies

et, sanglotant, abattre les horloges,

ce serait pour voir quand, chez toi,

arrive l’été aux lèvres déchirées,

arrivent tant de gens vêtus d’agonie,

arrivent des régions de triste splendeur,

arrivent des charrues mortes et des coquelicots,                                         

arrivent des fossoyeurs et des cavaliers,

arrivent planètes et cartes avec du sang,

arrivent des busards couverts de cendre,

arrivent des masques traînant des soubrettes

transpercées de grands couteaux,

arrivent racines, veines hôpitaux,

printemps, fourmis,

arrivent la nuit et un lit où

meurt au milieu des araignées un hussard solitaire,

arrivent une rose de haine et des aiguilles,

arrive une embarcation jaunâtre,

arrive un jour de vent avec un enfant,

arrive moi-même avec Oliverio, Norah,

Vicente Aleixandre, Delia,
Maruca, Malva Marina, María Luisa et Larco,
Rubia, Rafael Ugarte,
Cotapos, Rafael Alberti,
Carlos, Bebé, Manolo Altolaguirre,
Molinari,
Rosales, Concha Méndez,

et d’autres que j’ai oubliés.
….

Federico,

tu vois le monde, les rues,

le vinaigre,

les adieux dans les gares

quand la fumée entraine les roues décidées

vers là où il n’y a rien que

séparations, pierres, voies ferrées.

 

Il y a tant de gens posant des questions

en tous lieux.

Il y a l’aveugle en sang, et le coléreux, et le

déprimé,

et le misérable, l’arbre aux sabots,

le brigand, le dos chargé d’envie.

 

Ainsi est la vie, Federico, ici tu as

les choses que peut t’offrir mon amitié

d’homme, homme et mélancolique.

En toi tu as déjà connaissance de beaucoup de choses.

Les autres tu les apprendras lentement.

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