J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com
16 Septembre 2022
quand l'humanité est morte,
128231*
O ! Zoran Music,
metteur en images d’un peuple assassiné,
fin du rêve d’éternité.
Il y avait un peuple naguère;
quatre-vingt millions assassinèrent
la gravité d’un enfant et il n’y a plus rien,
disais-tu à un dieu lointain
et grincheux
et silencieux
sur des fils de fer barbelés,
sous des nuages de lâchetés.
Metteur en vie de la fin des hommes
avec tes images de peintre torturé,
O ! Zoran Music,
nous donnerons au Temps tous tes tableaux,
et survivra ta mémoire… et survivront leur mémoire
et avec elle nos désirs de vie
le vieux suppliant te regarde
quand il part traverser les plaines des ténèbres,
qui l’ont saisi, emporté dans un obscur trépas.*
* Numéro tatoué sur Zoran Music à Dachau
* ces vers appartiennent à Georges Séféris (La Grive III) et à Sophocle qui en fait des mots pour Antigone (Œdipe à Colone, vers 1679-1682)
et que les livres sont des pyramides,
le bibliothécaire
me renvoie à la Bibliothèque de Babel
et à cet écrivain qui 'avait cinq ans et voulait être un livre.'
et les hommes des tas de cendres,
21 Mai 2012, 10h25
Nous avons lu ceux qui ont raconté de l'intérieur,
Primo Levi ou Robert Antelme, et aussi Charlotte Delbo,
et ceux à qui ont été présentées des coupes remplies d'yeux humains
comme Curzio Malaparte;
nous avons été dans les mains, dans le cœur de Filip Mueller,
quand il a vu son père, un cadavre de plus à enfourner sans laisser rien paraître,
Nous avons lu Yitsokh Katzenelson et Leib Rochmann,
puis Zvi Kolitz, et Vrba, Aharon Appenfeld,
Matatias Carp, Jan Karski, et aussi Czeslaw Miloscz,
Vladimir Holan, Paul Celan, Wislawa Zymborska, et tous ceux qui ont des noms de poètes;
Nous avons vu Nuit et brouillard, Shoah, et Zoran Music
et Felix Nussbaum et aussi Charlotte Salomon;
Nous avons écouté le Survivant de Varsovie;
pour pouvoir entendre ces mots,
le vingt et un Mai deux mille douze à dix heures vingt–cinq:
‘Au début c’est bien, puis ça devient un peu tape-à-l’œil.’
C'était sur la passerelle qui,
après que l’on ait quitté le hall des noms,
après Auschwitz et la Transnistrie,
mène vers le jardin des Justes, à Yad Vashem
Ces mots sont d’une âme
capable de dominer la sensiblerie exagérée de la banalité du mal
de ceux qui n'ont pas la force du crime.
Ou bien…
*Kielce (Pologne) dans cette ville le 4 Juillet 1946, 42 juifs furent assassinés au cours d’un pogrom.
ou des suppliants
Une Pietà aux lamentations infinies
dans l'obscurité d'une amoureuse tristesse
partage avec les chiens l'éternelle agonie
des rois fous, à genoux, Lear ou Job sans sagesse,
pitoyables épaves égarées dans la vieillesse ;
aucune clémence, pas même le violon d'Enescu
dans le monde de désespoir de Corneliu.
avant que tout recommence,
le commencement...
...puis le recommencement
sous les yeux de Vénus...
Tu as 24000 ans
Tu reviens du fond de la mémoire de mes rêves
tu es la première femme
Permets que je te tutoie
je dis tu à tous ceux que j’aime
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Vue,
Aimée,
Tu es la mémoire de mes rêves
Un homme ou une femme
A fait de toi la naissance de l’art
La première des vivantes
Callipyge
Donneuse
Tu es le grand bond en avant
La Venus première
La voir à Vienne puisque tu es là
Et après un chocolat mousseux au café Mozart
En l’écoutant…
Éternité…
ou ceux d'une pierre, peut-être sculptée...
… Avant de tout refermer
Fin provisoirement