Recette

Fernando Pessoa ou Alvaro de Campos ou Alberto Caeiro ou Ricardo Reis ou...

Je me pose souvent cette question:

quelle est la traduction qui convient le mieux à Lao Tseu ?

(Je ne lis, ni ne comprends le chinois)

Pendant longtemps, j'y ai répondu, après bien des atermoiements en concoctant un Tao Tö King;

voici ma recette,

1 - lire la traduction et les commentaires de Duyvendack,

2 - lire la traduction de Liou Kia-Hway,

3 - saupoudrer avec celle de Julien,

4 - ajouter des touches de trois traducteurs de Lao Tseu en Anglais, Waley, Legge et Lau,

5 – envelopper tout cela dans l'intimité la plus intense avec Tchouang Tseu,

6 – une dizaine d'années de fermentation – je dirais du type de celle que l'on utilise pour faire de la gnole, et l'on arrive à saisir – un peu - cet obscurcissement de l'obscurité... que l'on peut relever avec des phrases de Qohélet* -

Je n'étais pas mécontent, mais il me semblait que manquait un ingrédient,

et puis, par une nuit d'insomnie, une nuit semblable à ces nuits d'extases qu'ont connues tous les grands mystiques de Blaise Pascal à Diego Maradona, voila, que m'est venue l'illumination: il manquait les mots de Fernando (P.), celui qui écrivait 'Je ne suis rien. Jamais je ne serai rien. Je ne puis vouloir être rien. Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.'(1)

Je me suis empressé de les ajouter, parce que 'Je cherche à dépouiller ce que j'ai appris, je cherche à oublier le mode de pensée qu'on m'inculqua.'(2)

En effet, 'Rien ne pense rien'(3)

car 'Nothing can be made out of nothing, (4)

et qu 'Au grand commencement de toutes choses, il y avait le néant de forme, l’être imperceptible'(5)

Nous retrouverons bientôt Fernando (Pessoa).

(1) Tabaccheria Fernando Pessoa (2) Le Gardeur de troupeaux (36) (3) Le Gardeur de troupeaux (34) (4) King Lear (I,4) (5) Tchouang Tseu (12)