J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com
5 Janvier 2023
Le suicide a une histoire particulière en France. Jusqu'au XVIIIe siècle, ce terme n'était pas utilisé, mais on parlait d'homicide contre soi-même.
Jusqu'au XVIIIe siècle, selon une coutume datant du moyen-âge, le suicidé, ce qu'il en restait, c'est à dire son cadavre, était jugé. Le crime dont il était accusé était d'avoir volontairement commis un meurtre contre lui-même. Acte considéré comme aussi grave qu'un crime de lèse-majesté.
Si ni la folie ni la perte du discernement n'étaient reconnues, la peine était appliquée: confiscation des biens et condamnation éternelle. Le corps était alors pendu la tête en bas, traîné face contre terre ou jeté dans des fosses communes.
Le mot suicide n'est entré dans le vocabulaire français qu'en 1734 et fut le point de départ de très nombreux débats: le suicide est-il un droit ? Est-ce un crime contre Dieu, contre la société ?
Montesquieu (Lettres persanes) : « Les lois sont très sévères, en Europe, contre ceux qui se tuent eux-mêmes. On les fait mourir, pour ainsi dire, une seconde fois ; ils sont formés à l'indignation par les rues, sur les notes d'infamie, sur la confiscation de leurs biens. Il me paraît [...] que ces lois sont bien injustes ».
Ce changement de terminologie (de l'homicide au suicide) correspond aussi à un changement de paradigme juridique : le Code pénal de 1791 ne l'inclut plus parmi les crimes punis par la loi et le Code des délits et des peines de 1795 précise que la mort interrompt toute une action en justice.