Je me suis accordé ce bonheur de passer des semaines uniquement avec Wynstan Hugh et tous ses poèmes, tellement de vers, cela fait combien de wagons de prose, M. Ceslaw Milosz ?
et - hasard … pendant ces semaines, j’ai entendu Peter Grimes (dont Auden a écrit le livret) et vu Mort à Venise - deux opéras de Britten, son ami depuis la Gresham’s school; j’ai également entendu l’élégie à John Kennedy sur la musique de Stravinsky, chantée par Cathy Berberian.
Malgré la pauvreté de mes mots, j’aimerais vous inciter à vous enivrer des délices de la virtuosité remplie d’humanité de ce poète bavard, tellement bien bavard, Parler, écrire c’ est tellement humain et écouter aussi ….surtout quand les autres nous écoutent….
Un virtuose du bavardage comme Musset ou Byron - vous savez ce lord anglais doué de poésie, nageur et homme d’action, à qui il a écrit une longue lettre, mariage à trois - comme dans la lettre de Musset à Lamartine - d’humanité, d’ intelligence et d’admiration avec ce nécessaire humour qui maintient familiarité et respect entre le poète vivant et le poète du passé; qui parmi nous ne rêve de poser cette question à Lord Byron: 'ma fille écrit dois-je l’ encourager ?'
Auden, un homme à part, un poète, jamais un parmi tous les autres, jamais il ne l‘a été..
Et ce qui est important à ses yeux est présent, dans ses vers, en demi tons, toujours discrets comme l’est la mort du poète, tellement discrète qu’elle sera cachée à ses poèmes.
je peux nous imaginer
dans le port abandonné d’une côte perdue, dans ce port que nous aurons trouvé dans un pays de Cocagne,
où coulent des rivières de Whiskey,
sous un tableau de Breughel, en écoutant Britten, Stravinsky, John Cage ou Mozart
quand bavarde Wynstan Hugh.
Ceslaw Milosz; et les poèmes Prologue à Soixante Ans, Lettre à Lord Byron, A la Mémoire de Y.B.Yeats, La Mer et le Miroir, Les Plaines, m’ont tenu compagnie ici.
J’ai relu W.H. Auden dans Collected Poems (réunis par Edward Mendelson pour Faber § Faber)
Un conseil de lecture périphérique, Auden ou l’œil de la baleine par Guy Goffette
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Un peu plus tard j'ai écrit un sonnet,
Il est des poètes à la mode qui lancent
Aujourd’hui leurs cris ennuyeux et pédants;
prenons garde que les temps qui passent
ne lassent pour toujours les lecteurs errants.
Il est des poètes que nous avons attendus
depuis longtemps; ils devaient nous dire les mots
des siècles que la mémoire avait retenus,
ils nous disaient l‘amour, le temps…. et c’était beau.
En ce monde où prospèrent les cuistres en livrée,
pour oublier la poésie de ces scribes ternes,
l’époque avait besoin d’un poète délivré,
elle lui donna le nom de Wynstan Hugh Auden.
Pour ne pas faire de peine à ses poèmes,
on leur cache encore la mort du poète.