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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Venus and Adonis strophes 76-85

CIGOLI Venus et Adonis (1600-10)

CIGOLI Venus et Adonis (1600-10)

 

 

Once more the ruby-colour'd portal open'd,

Which to his speech did honey passage yield,

Like a red morn, that ever yet betoken'd

Wrack to the seaman, tempest to the field,

Sorrow to shepherds, woe unto the birds,

Gusts and foul flaws to herdmen and to herds.

 

This ill presage advisedly she marketh:

Even as the wind is hush'd before it raineth,

Or as the wolf doth grin before he barketh,

Or as the berry breaks before it staineth,

Or like the deadly bullet of a gun,

His meaning struck her ere his words begun.

 

And at his look she flatly falleth down

For looks kill love, and love by looks reviveth;

A smile recures the wounding of a frown;

But blessed bankrupt, that by love so thriveth!

The silly boy, believing she is dead

Claps her pale cheek, till clapping makes it red;

 

And all amaz'd brake off his late intent,

For sharply he did think to reprehend her,

Which cunning love did wittily prevent:

Fair fall the wit that can so well defend her!

For on the grass she lies as she were slain

till his breath breatheth life in her again.

 

He wrings her nose, he strikes her on the cheeks,

He bends her fingers, holds her pulses hard,

He chafes her lips; a thousand ways he seeks

To mend the hurt that his unkindness marr'd:

He kisses her; and she, by her good will,

Will never rise, so he will kiss her still.

 

The night of sorrow now is turn'd to day:

Her two blue windows faintly she up-heaveth,

Like the fair sun, when in his fresh array

He cheers the morn, and all the world relieveth:

And as the bright sun glorifies the sky,

So is her face illumin'd with her eye;

 

Whose beams upon his hairless face are fix'd,

As if from thence they borrow'd all their shine.

Were never four such lamps together mix'd,

Had not his clouded with his brow's repine;

But hers, which through the crystal tears gave light

Shone like the moon in water seen by night.

 

'O! where am I?' quoth she, 'in earth or heaven,

Or in the ocean drench'd, or in the fire?

What hour is this? or morn or weary even?

Do I delight to die, or life desire?

But now I liv'd, and life was death's annoy;

But now I died, and death was lively joy.

 

'O! thou didst kill me; kill me once again:

Thy eyes' shrewd tutor, that hard heart of thine,

Hath taught them scornful tricks, and such disdain,

That they have murder'd this poor heart of mine;

And these mine eyes, true leaders to their queen,

But for thy piteous lips no more had seen.

 

'Long may they kiss each other for this cure!

O! never let their crimson liveries wear;

And as they last, their verdure still endure,

To drive infection from the dangerous year:

That the star-gazers, having writ on death,

May say, the plague is banish'd by thy breath.

 

 

 

La porte rubis s’ouvrit une fois de plus,

elle avait enrobé de miel son discours,

comme un matin rouge qui annonce toujours

la tempête sur les champs, au marin le fucus,

chagrin au berger, malheur aux oiseaux,

rafales de vent aux bergers et troupeaux.

 

Elle observe, résolue ce noir présage:

comme le vent se calme avant la pluie,

ou comme, avant de hurler le loup grimace,

ou comme la balle meurtrière d’un fusil,

ou comme la baie tombe avant de tâcher,

elle avait compris avant qu‘il ait parlé.

 

Il la regarde, elle tombe, car des regards

tuent l’amour, des regards le ressuscitent;

au froncement, le sourire est un nard;

riche d’amour, qu’elle est heureuse la faillite !

Le pauvre nigaud, la croyant morte

tape sa joue pâle à la rendre rouge à force.

 

Tout étonné, il oublie sa première

intention de la tancer sévèrement,

ce que les ruses de l’amour empêchèrent:

vive l’esprit qui la défendit adroitement !

en effet, comme morte, sur l’herbe elle git,

jusqu’à ce que son souffle ne lui redonne vie.

 

Il va tordre son nez, taper ses joues, retourner

ses doigts, maintenir sa tension, réchauffer

ses lèvres; chercher mille moyens de réparer

le mal qu’a causé sa méchanceté:

il l’embrasse; elle ne veut pas se lever,

afin qu’il continue de l’embrasser.

 

La nuit de chagrin redevient le jour:

elle laisse filtrer le bleu des deux fenêtres,

comme le soleil qui faisant son retour

charme le matin et console l‘univers:

et quand le soleil brillant embellit

le ciel, ses yeux illuminent son visage.

 

Elle fixe les rayons sur son visage glabre,

comme s’il leur empruntait tout son éclat.

Jamais ne s’unirent quatre si belles lumières,

s’ils n’avaient été voilés par son sourcil;

mais les siens brillaient entre les larmes de cristal

comme la nuit le reflet de la lune dans l’eau.

 

Où suis-je ?’ dit-elle, ‘sur terre ou aux cieux,

plongé dans l’océan, ou dans le feu ?

quelle heure est-il ? matin ou soir fatigué ?

ai-je plaisir à mourir, ou désir d’exister ?

ma vie gênait la mort quand je vivais;

la mort était une joie quand je mourais.

 

Tu m’as tué; tue moi encore: le tuteur

sagace des yeux, ce cœur sec, le tien,

les a instruits en un tel dédain,

qu’ils ont assassiné mon pauvre cœur;

et mes yeux, fidèles guides de leur reine,

n’auraient rien vu sans tes lèvres humaines.

 

Pour se guérir que longtemps elles se baisent !

O ! ne laisse pas leur pourpre se faner;

et tout ce temps, elles resteront fraîches,

pour éloigner les dangers de l‘année:

les astrologues, qui ont écrit sur la mort,

disent: ton souffle éloigne la peste du corps.

 

 

 

 

À suivre... © Mermed 2011 - 2019

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