Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Le viol de Lucrèce strophes 151 - 159

Tarquin et Lucrèce  Peter Oliver

Tarquin et Lucrèce Peter Oliver

'O! that is gone for which I sought to live,
And therefore now I need not fear to die.
To clear this spot by death, at least I give
A badge of fame to slander's livery;
A dying life to living infamy;
Poor helpless help, the treasure stolen away,
To burn the guiltless casket where it lay!

 

'Well, well, dear Collatine, thou shalt not know
The stained taste of violated troth;
I will not wrong thy true affection so,
To flatter thee with an infringed oath;
This bastard graff shall never come to growth:
He shall not boast who did thy stock pollute
That thou art doting father of his fruit.

 

Nor shall he smile at thee in secret thought,
Nor laugh with his companions at thy state;
But thou shalt know thy interest was not bought
Basely with gold, but stolen from forth thy gate.
For me, I am the mistress of my fate,
And with my trespass never will dispense,
Till life to death acquit my forced offence.

 

'I will not poison thee with my attaint,
Nor fold my fault in cleanly-coin'd excuses;
My sable ground of sin I will not paint,
To hide the truth of this false night's abuses;
My tongue shall utter all; mine eyes, like sluices,
As from a mountain-spring that feeds a dale,
Shall gush pure streams to purge my impure tale.'

 

By this; lamenting Philomel had ended
The well-tun'd warble of her nightly sorrow,
And solemn night with slow-sad gait descended
To ugly hell; when, lo, the blushing morrow
Lends light to all fair eyes that light will borrow:
But cloudy Lucrece shames herself to see,
And therefore still in night would cloister'd be.

 

Revealing day through every cranny spies,
And seems to point her out where she sits weeping,
To whom she sobbing speaks: 'O eye of eyes,
Why pryest thou through my window? leave thy peeping;
Mock with thy tickling beams eyes that are sleeping:
Brand not my forehead with thy piercing light,
For day hath nought to do what's done by night.'

 

Thus cavils she with every thing she sees:
True grief is fond and testy as a child,
Who wayward once, his mood with nought agrees.
Old woes, not infant sorrows, bear them mild;
Continuance tames the one: the other wild,
Like an unpractis'd swimmer plunging still
With too much labour drowns for want of skill.

 

So she, deep-drenched in a sea of care,
Holds disputation with each thing she views,
And to herself all sorrow doth compare;
No object but her passion's strength renews;
And as one shifts, another straight ensues:
Sometime her grief is dumb and hath no words;
Sometime 'tis mad, and too much talk affords.

 

The little birds that tune their morning's joy
Make her moans mad with their sweet melody.
For mirth doth search the bottom of annoy;
Sad souls are slain in merry company:
Grief best is pleas'd with grief's society:
True sorrow then is feelingly suffic'd
When with like semblance it is sympathiz'd.

 

 

 

 

 

‘Ce que j’aimais dans la vie, je l’ai égaré 151

plus aucune crainte de la mort ne se justifie.

Effaçant ma tâche par la mort, je vais donner

un gage de gloire aux couleurs de la calomnie;

une vie mourante à la vivante infamie;

après le vol du trésor, aide insuffisante

que de brûler la cassette innocente !

 

Oui, oui, cher Collatin, tu ne connaîtras pas

le parfum corrompu du serment violé;

je n'outragerai pas ton amour sincère,

en te flattant ainsi d’un serment transgressé;

cette greffe bâtarde ne viendra à maturité:

il salit ta lignée mais jamais ne prétend

que de son fruit tu es le père accommodant.

 

‘Il ne sourira pas de toi même secrètement,

il ne rira pas de toi avec tous les siens;

tu sauras que ton trésor n’a été bassement

acquis avec de l'or, mais objet d’un larcin.

Pour moi, je suis la maîtresse de mon destin,

et je ne me pardonnerai que lorsque ma vie

aura payé à la mort mon offense subie.

 

 

Je ne t'empoisonnerai pas de ma souillure,

je ne masquerai pas ma faute d'adroites excuses;

je ne peindrai pas le noir de ma flétrissure,

pour taire la vérité sur cette nuit de ruses;

ma langue dira tout; de mes yeux, tels des écluses,

ou la source de montagne qui arrose une cluse,

des flots purs viendront laver mon récit impur.

 

Sur ce plaintive Philomèle avait terminé

le chant mélodieux de ses nocturnes tourments,

la nuit solennelle descend d'un pas accablé

aux enfers atroces; et le matin rougissant

prête sa lumière à tous les yeux la désirant;

mais, dans sa douleur, Lucrèce a honte de voir

et voudrait encore que la nuit soit son cloître.

 

 

Par tous les interstices passe le jour lumineux,

qui la dévoile où elle est assise éplorée,

c'est à lui qu'elle parle en sanglots: ‘œil des yeux,

que fouilles-tu par ma fenêtre ? arrête d‘épier;

joue de tes rayons avec des yeux pas éveillés,

ne souille pas mon front aux feux de ton incendie,

le jour n'a rien à faire de ce qui se passe la nuit.

 

C'est ainsi qu’elle discute avec tout ce qu'elle voit:

le vrai chagrin épris, exigeant comme l’enfant,

n’aime plus rien pour peu qu’il ait boudé une fois.

malheurs anciens, et non chagrins adolescents

se calment. Le temps dompte les uns, les autres restent violents,

tels un nageur novice, s’enfonçant et après

trop d’efforts se noient par manque d'efficacité.

 

C'est ainsi que plongée dans une mer de soucis,

elle se fâche avec ce qui est en sa présence,

et compare aux siens tous les chagrins d‘autrui;

il n’est objet qui ne vienne accroître sa violence;

et l’un disparaissant, un autre prend naissance:

quelquefois muette elle ne trouve plus de mots,

quelquefois hystérique alors, elle parle trop.

 

Les oiseaux qui le matin poussent leur chant ravi

par leur douce mélodie l‘enferment dans sa douleur.

Car la gaieté cherche alors le fonds de l‘ennui;

les âmes tristes meurent en compagnie ivre de bonheur:

le malheur ne se sent bien qu’avec le malheur:

le véritable chagrin devient moins tragique

quand il a l’amitié d’un chagrin identique.

 

à suivre

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article