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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Le viol de Lucrèce strophes 83 - 91

Lucrèce et Tarquin le Superbe Giordano, Luca

Lucrèce et Tarquin le Superbe Giordano, Luca

 

 

Quoth she, 'Reward not hospitality
With such black payment as thou hast pretended;
Mud not the fountain that gave drink to thee;
Mar not the thing that cannot be amended;
End thy ill aim before the shoot be ended:
He is no woodman that doth bend his bow
To strike a poor unseasonable doe.

 

'My husband is thy friend; for his sake spare me;
Thyself art mighty; for thine own sake leave me;
Myself a weakling, do not then ensnare me;
Thou look'st not like deceit; do not deceive me;
My sighs, like whirlwinds, labour hence to heave thee.
If ever man were mov'd with woman's moans,
Be moved with my tears, my sighs, my groans:

 

'All which together, like a troubled ocean,
Beat at thy rocky and wreck-threatening heart;
To soften it with their continual motion;
For stones dissolv'd to water do convert.
O, if no harder than a stone thou art,
Melt at my tears, and be compassionate!
Soft pity enters at an iron gate.

 

'In Tarquin's likeness I did entertain thee;
Hast thou put on his shape to do him shame?
To all the host of heaven I complain me,
Thou wrong'st his honour, wound'st his princely name.
Thou art not what thou seem'st; and if the same,
Thou seem'st not what thou art, a god, a king;
For kings like gods should govern every thing.

 

'How will thy shame be seeded in thine age,
When thus thy vices bud before thy spring!
If in thy hope thou dar'st do such outrage,
What dar'st thou not when once thou art a king!
O, be remember'd, no outrageous thing
From vassal actors can he wip'd away;
Then kings' misdeeds cannot be hid in clay.

 

'This deed will make thee only lov'd for fear,
But happy monarchs still are fear'd for love:
With foul offenders thou perforce must bear,
When they in thee the like offences prove:
If but for fear of this, thy will remove;
For princes are the glass, the school, the book,
Where subjects eyes do learn, do read, do look.

 

'And wilt thou be the school where Lust shall learn?

Must he in thee read lectures of such shame:
Wilt thou be glass, wherein it shall discern
Authority for sin, warrant for blame,
To privilege dishonour in thy name?
Thou back'st reproach against long-living laud,
And mak'st fair reputation but a bawd.

 

'Hast thou command? by him that gave it thee,
From a pure heart command thy rebel will:
Draw not thy sword to guard iniquity,
For it was lent thee all that brood to kill.
Thy princely office how canst thou fulfill,
When, pattern'd by thy fault, foul Sin may say
He learn'd to sin, and thou didst teach the way?

 

'Think but how vile a spectacle it were
To view thy present trespass in another.
Men's faults do seldom to themselves appear;
Their own transgressions partially they smother:
This guilt would seem death-worthy in thy brother.
O how are they wrapp'd in with infamies
That from their own misdeeds askaunce their eyes!

 

 

 

Elle dit, ‘ne t’acquitte pas de l'hospitalité

d’un si sale prix que celui que tu veux payer;

ne souille pas l’eau de la source qui a t’apaisée,

n’abime pas ce que l’on ne peut pas réparer;

renonce à cette bassesse avant de l’exaucer:

chasseur indigne, hors saison, celui qui s’apprête

à tuer une biche avec son arbalète.

 

Laisse-moi par égard pour ton ami, mon mari;

tu es puissant; laisse-moi, par égard pour toi,

ne prends pas une femme au piège de la perfidie;

tu ne sembles pas trompeur, ne me trompe pas;

mes soupirs en tornade veulent t‘éloigner de moi.

Si un homme fut ému par la plainte d'une femme,

sois ému par mes cris, mes soupirs et mes larmes.

‘Tous à l’unisson, comme le fougueux océan,

 

luttent contre ton cœur, rocher sur qui tout s‘engloutit;

pour l'adoucir grâce à leur effort permanent;

car les pierres dissoutes en eau, sont converties.

si tu n’es pas encore plus dur que pierre aussi,

accepte de fondre devant mes larmes, prends pitié !

La douce pitié sous une porte de fer peut passer.

 

Tu étais un autre Tarquin, je t‘ai convié;

t’es-tu vêtu de lui pour le couvrir d’opprobre ?

auprès des hôtes des cieux je vais me récrier;

tu lèses son nom en déshonorant ce prince si probe.

Soit tu n'es pas qui tu sembles, soit tu n’es pas proche

de ce que tu parais, un dieu, un souverain;

les rois devraient tout régir comme les êtres divins.

 

‘Comment croîtra ta honte avec ton vieil âge

quand tes vices sont de tels bourgeons en ta jeunesse !

maintenant tu espères et oses de tels outrages,

que n’oseras-tu faire quand tu seras altesse !

souviens-toi que d’un vassal nulle scélératesse

ne peut être effacée; les mauvaises actions

des rois ne peuvent être cachées sous le limon.

 

‘Ce forfait fera qu'on ne t'aimera que par peur,

quand c’est par amour que sont craints les rois heureux:

tu ne pourras rien contre les plus vils offenseurs

quand ils te prouveront que tu es fautif comme eux:

par crainte de cela, retire-toi de ces lieux;

car les princes sont l'école, le livre, le miroir,

où les sujets peuvent apprendre, lire et se voir.

 

‘Veux-tu être l’école de la dépravation ?

doit-elle prendre en toi des leçons d‘ignominie:

seras-tu au miroir l’image d’un pygmalion

du pêché, un protecteur contre la barbarie,

qui favorise jusqu’en ton nom l‘infamie ?

tu préfères les reproches à l‘éloge éternel,

tu fais de ton renom une madame de bordel.

 

‘As-tu ta maîtrise ? par qui te l’a donnée,

maîtrise d’un cœur pur tes rebelles exigences:

ne tire pas l'épée pour garder l'iniquité,

elle t'a été remise pour en détruire l'engeance.

Comment rempliras-tu tes devoirs de régence

quand, imitant ta faute, le pêché nauséabond

dira que tu lui as montré la direction.

 

‘Songe à quel point ce serait un spectacle navrant

d’observer ton frère commettant ton intrusion -

les défauts des hommes leur sont rarement évidents;

leur partialité étouffe leurs transgressions -

pour cette faute tu lui donnerais la mort en punition.

Oh! ils n’ont revêtu que l’habit d’infamie

ceux qui détournent les yeux de leur propre vilenie !

 

 

à suivre

 

 

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