15 Juin 2022
Mes yeux effleuraient les mots de quelque églogue,
c'était le poème d'un écrivain en vogue,
une pastorale? Pas vraiment... plutôt citadins,
ces vers et ces mots qui ne laissaient sur ma faim.
On n'y lisait pas qu'à 'Gérard de Nerval
une dame offrit un costume en tergal...'
ou que devant le monastère, en Bucovine,
impatiente et fidèle, la femme du pope, Line,
entièrement vêtue de noire popeline,
attendait l'invention de la naphtaline.
Non rien de tout cela...alors comme Erysichton
mon corps et mon esprit connurent les sensations
de la faim...pas celle des nourritures du corps,
mais de mots qu'aucune nuance jamais n'édulcore.
Cela arriva comme une comète, comme un Victor
Hugo dans les lettres de France, et dans le Vercors.
Ce dont j'avais faim, c'était d'une pièce de théâtre -
au titre actuel, pas un sujet pour psychiatre...
Mangeront-ils?
'Si tu m'as cru pieux, tu me calomniais.
Soyez crédules; moi, je hausse les épaules.
Je suis sans préjugés
je lis Dieu sans lunettes. …
Car cette plume est fée, ami, selon le rite
Suivi par Mahomet pour sa jument Borak.'
Et l'on en mange de ces mots,
on s'en indigeste,
encore
Victor,
encore...
Cette pièce, Mangeront-ils ? C'est entre autres une digression exceptionnellement brillante autour de thèmes shakespearien,
on y retrouve Hamlet, Airolo parle: 'Ici l'on meurt. — Ici l'on dort. — La même chose. Presque...',
aussi une sorcière de Macbeth,
et Songe d'une, nuit d'été, La tempête, Lear...
Cette pièce est très peu connue, très peu jouée, et pourtant ce que Victor a écrit – même quand cela reste dans l'ombre est des éternités au dessus de l'l'immense médiocrité qui envahit presque tous les rayons des librairies.
© Mermed