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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Le musée nécessaire

Le musée nécessaire

 

 

 

Dans une cellule, si la mémoire le permet, si l’écoute des suites pour violoncelle seul n’est pas trop perturbée par les apprentis de la pop star, et après avoir remercié l’inventeur de l’oreillette on peut créer un musée ré-imaginé sans cette pollution que déplore André Suarès devant La Cène; ‘voici un des lieux du monde où l’on apprend le dégoût de la gloire. On est peiné de l’avoir obtenue voyant à qui elle nous livre en pâture.’

Certes tout va bouger, les couleurs ne sont plus certaines, les éléments d’une œuvre peuvent se trouver dans une autre, et ce musée peut être modifié chaque jour.

On peut entrer dans la cellule avec Hopper et son monde où l’homme seul prend tout son espace sans tenir aucune place. A la suite, pour être certain que l’on est bien où l’on est, l’enfer de Bosch permet de s’extraire du quotidien infernal qu’est la vie de neuf hommes dans un espace de dix huit mètres carrés. On décide alors de choisir sa solitude comme cette silhouette minuscule que Shihtao perd dans un paysage où l’esprit envahit le vide. Notre mélancolie trouvera refuge dans la magie du carré que Dürer a éclairé d’un soleil noir, puis d’un allemand de la renaissance, nous irons chez un florentin dont l’intelligence, la capacité de travail et la liberté de pensée nous aiguillonnent. Les études de Leonard sur les mouvements de l’eau nous plongerons dans les abysses inconnus de Eiffos où nous sommes engloutis avec délice.

Il y aussi un Christ de Donatello et un homme de Giacometti qui, entourent la Piéta Rondani de M. Buonarroti - tous des êtres debout que la fascination de l’éternité aspire. Du bras de Marie, abandonné par Michelange pour cause de décès on passe à cette autre Piéta abandonnée également pour cause de mort par Titien. Des gris de l’entre-deux, du passage de la vie à la mort, du monde à la réclusion.

Bien sûr, il y a une prison de Piranèse qui nous renvoie à Edgar Poe et à ce pendule qui descend sans cesse dans une de ces geôles dont les escaliers rejoignent ceux de Escher que des hommes montent en descendant - parfaite figuration de l’absurde. Notre plafond est peint par Tiepolo - évidemment Gianbattista - qui nous remplit du silence du vide.

Avec un peu de recul on peut avoir beaucoup d’autres œuvres, mais ici les murs sont trop proches pour permettre ce recul.

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