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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Venus and Adonis strophes 146-155

TIZIANO Vecellio Venus et Adonis (detail) 1554

TIZIANO Vecellio Venus et Adonis (detail) 1554

 

And as she runs, the bushes in the way

Some catch her by the neck, some kiss her face,

Some twine about her thigh to make her stay:

She wildly breaketh from their strict embrace,

Like a milch doe, whose swelling dugs do ache,

Hasting to feed her fawn hid in some brake.

 

By this she hears the hounds are at a bay;

Whereat she starts, like one that spies an adder

Wreath'd up in fatal folds just in his way,

The fear whereof doth make him shake and shudder;

Even so the timorous yelping of the hounds

Appals her senses, and her spirit confounds.

 

For now she knows it is no gentle chase,

But the blunt boar, rough bear, or lion proud,

Because the cry remaineth in one place,

Wilere fearfully the dogs exclaim aloud:

Finding their enemy to be so curst,

They all strain courtesy who shall cope him first.

 

This dismal cry rings sadly in her ear,

Througll which it enters to surprise her heart;

Who, overcome by doubt and bloodless fear,

With cold-pale weakness numbs each feeling part;

Like soldiers, when their captain once doth yield,

They basely fly and dare not stay the field.

 

Thus stands she in a trembling ecstasy,

Till, cheering up her senses sore dismay'd,

She tells them 'tis a causeless fantasy,

And childish error, that they are afraid;

Bids them leave quaking, bids them fear no more:

And with that word she spied the hunted boar;

 

Whose frothy mouth bepainted all with red,

Like milk and blood being mingled both together,

A second fear through all her sinews spread,

Which madly hurries her she knows not whither:

This way she runs, and now she will no further,

But back retires to rate the boar for murther.

 

A thousand spleens bear her a thousand ways,

She treads the path that she untreads again;

Her more than haste is mated with delays,

Like the proceedings of a drunken brain,

Full of respects, yet nought at all respecting,

In hand with all things, nought at all effecting.

 

Here kennel'd in a brake she finds a hound,

And asks the weary caitiff for his master,

And there another licking of his wound,

Gainst venom'd sores the only sovereign plaster;

And here she meets another sadly scowling,

To whom she speaks, and he replies with howling.

 

When he hath ceas'd his ill-resounding noise,

Another flap-mouth'd mourner, black and grim,

Against the welkin volleys out his voice;

Another and another answer him,

Clapping their proud tails to the ground below,

Shaking their scratch'd ears, bleeding as they go.

 

Look, how the world's poor people are amaz'd

At apparitions, signs, and prodigies,

Whereon with fearful eyes they long have gaz'd,

Infusing them with dreadful prophecies;

So she at these sad sighs draws up her breath,

And, sighing it again, exclaims on Death.

 

 

 

Elle court, et les buissons sur le sentier

la prennent par le cou, lui baisent le visage,

s’enroulent à ses cuisses pour la garder:

elle brise leur étreinte comme une sauvage,

comme une biche aux mamelles remplies

courant nourrir son faon dans les taillis.

 

Elle entend alors les chiens aux abois;

elle s’y dirige, comme celui qui voyant

une vipère mortelle lovée sur sa voie,

tremble et frissonne d‘affolement;

le cri timoré des chiens vient ainsi

retourner son sang, frapper son esprit.

 

Elle sait que ce n’est pas une chasse au peu,

mais à l’ours cruel, au dur sanglier,

au fier lion, le cri reste au même lieu,

les hurlements des chiens sont terrorisés:

en face d’un aussi terrible ennemi,

ils se font des assauts de courtoisie.

 

Glas à l’oreille, ce morne et lugubre cri

par laquelle il entre son cœur qu‘il surprend;

doute et peur le submergent, il engourdit

de faiblesse glaciale tous ses sens vivants;

comme des soldats, quand le capitaine se rend,

n’osent rester sur le terrain, fuient lâchement

 

Elle reste ainsi, tremblant d’exaltation,

puis, rassemblant ses sens désespérés

leur raconte que c‘est un rêve sans raison,

erreur puérile pour les effrayer;

elle leur enjoint de ne plus trembler

Ne plus craindre, elle voit alors le gibier.

 

Sa bouche, toute de rouge écume peinte,

comme lait et sang s’ils faisaient un tout,

instille en tous ses nerfs une seconde crainte,

elle courre comme une folle sans savoir où;

elle court par- là, va enfin s’arrêter,

s’en retourne pour blâmer le sanglier.

 

Mille spleens l’emmènent en mille directions,

elle va et vient sans cesse sur ce chemin;

sa hâte est esclave des prolongations,

comme les agissements d’un homme pris de vin,

quoique déférent, il n’a aucun respect,

au courant de tout, rien, jamais ne fait.

 

Elle trouve un chien prisonnier d’un buisson

il est las, lui demande où son maître est,

là un autre qui lèche ses lésions,

baume radical contre le venin des plaies;

encore un ici, l‘air morne et dolent,

elle lui parle, il répond d’un hurlement.

 

Quand cessent ses douloureuses clameurs,

un autre, pleureur noir et mélancolique,

déchire le ciel du cri de ses douleurs;

un autre, un autre encore lui répliquent,

frappant le sol de leurs queues arrogantes,

ils secouent leurs oreilles sanguinolentes.

 

Vois, comme les pauvres gens sont surpris bien

devant les apparitions, signes, mirages,

qu’ils regardent longtemps les yeux remplis

de peur, y mettant de terribles présages;

elle retient son souffle à ce triste sort

elle l’expire en criant contre la mort.

 

 

À suivre... © Mermed 2011 - 2019

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