Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Hasard

Hasard

 

Depuis mon bureau des douanes, je marchais souvent jusqu'à Wall Street, quand le travail me laissait suffisament de temps à l'heure de la pause de mi-journée. Je passais régulièrement devant le magasin de mon ami Alvaro, il l'avait appelé la Tabaccheria. Un jour -je me souviens que c'était en été – Alvaro me fit signe d'entrer, il voulait – me dit-il, après m'avoir servi une tasse de son excellent café - m'entretenir d'un homme, jeune encore, dont il avait fait la connaissance peu auparavant , et qu'il était disposé à prendre avec lui pour le remplacer à la boutique quand il avait à s'occuper de sa vieille mère, ce qui était de plus en plus fréquent.

Alvaro appréciait l'extrême réserve naturelle de cet homme, qui, dés qu'il l'avait vu pour la première fois, lui avait fait une excellente impression. Serais-je prêt à venir le rencontrer pour donner mon avis? Je ne pouvais me dérober – de plus je ne le souhaitais pas – et nous convîmes d'un rendez-vous pour le Mercredi suivant à la même heure.

La semaine suivante, Mercredi, je me rendis donc avec curiosité chez mon ami de Campos. Un jeune homme pauvrement mais proprement vêtu était là. Les deux hommes ne parlaient pas, ils attendaient, ils m'attendaient... Je devais donc entamer la conversation, je me souviens de tout ce qui fut dit,

Moi          Bonjour, Alvaro je vous présente Monsieur Bartleby

Bartleby   Bonjour Monsieur. 

Moi          Alvaro m'a dit beaucoup de bien de vous, qui êtes-vous donc, monsieur Bartleby?

Bartelby   Je ne suis rien.  Jamais je ne serai rien. Je ne puis vouloir être rien...

Alvaro      Allons, allons, je crois entendre mon très vieil ami, Fernando...

Moi          Pouvez-vous en dire un peu davantage?

Bartleby  I prefer not to.. Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.


 

Bartleby fut engagé, il travailla des années avec Alvaro, sans que celui-ci puisse apprendre quoique se soit sur sa vie. Je passais régulièrement, nous échangions un regard. Puis un matin il ne revint pas, il m'avait laissé un mot, un seul, un nom sur une feuille de papier , Achab.


 

Merci à MM Melville et Pessoa

© Mermed Avril 2021

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article