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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Le viol de Lucrèce strophes 1 - 9

Ce très long poème fut publié en 1594; j'ai pris le risque de traduire ces vers splendides...

Ce très long poème fut publié en 1594; j'ai pris le risque de traduire ces vers splendides...

From the besieged Ardea all in post,                                                                                                                                                     Borne by the trustless wings of false desire,
Lust-breathed Tarquin leaves the Roman host,
And to Collatium bears the lightless fire
Which, in pale embers hid, lurks to aspire
And girdle with embracing flames the waist
Of Collatine's fair love, Lucrece the chaste.

 

Haply that name of chaste unhapp'ly set
This bateless edge on his keen appetite;
When Collatine unwisely did not let
To praise the clear unmatched red and white
Which triumph'd in that sky of his delight,
Where mortal stars, as bright as heaven's beauties,
With pure aspects did him peculiar duties.

 

For he the night before, in Tarquin's tent,
Unlock'd the treasure of his happy state;
What priceless wealth the heavens had him lent
In the possession of his beauteous mate;
Reckoning his fortune at such high-proud rate,
That kings might be espoused to more fame,
But king nor peer to such a peerless dame.

 

O happiness enjoy'd but of a few!
And, if possess'd, as soon decay'd and done
As is the morning's silver-melting dew
Against the golden splendour of the sun!
An expir'd date, cancell'd ere well begun:
Honour and beauty, in the owner's arms,
Are weakly fortress'd from a world of harms.

 

Beauty itself doth of itself persuade 5
The eyes of men without an orator;
What needeth then apologies be made,,
To set forth that which is so singular?
Or why is Collatine the publisher
Of that rich jewel he should keep unknown
From thievish ears, because it is his own?

 

Perchance his boast of Lucrece' sovereignty
Suggested this proud issue of a king;
For by our ears our hearts oft tainted be:
Perchance that envy of so rich a thing,
Braving compare, disdainfully did sting
His high-pitch'd thoughts, that meaner men should vaunt
That golden hap which their superiors want.

 

But some untimely thought did instigate
His all-too-timeless speed, if none of those;

His honour, his affairs, his friends, his state,
Neglected all, with swift intent he goes
To quench the coal which in his liver glows.
O rash false heat, wrapp'd in repentant cold,
Thy hasty spring still blasts, and ne'er grows old!

 

When at Collatium this false lord arriv'd,
Well was he welcom'd by the Roman dame,
Within whose face beauty and virtue striv'd
Which of them both should underprop her fame:
When virtue bragg'd, beauty would blush for shame;
When beauty boasted blushes, in despite
Virtue would stain that or with silver white.

 

But beauty, in that white intituled,
From Venus' doves doth challenge that fair field:
Then virtue claims from beauty beauty's red,
Which virtue gave the golden age, to gild
Their silver cheeks, and call'd it then their shield;
Teaching them thus to use it in the fight,—
When shame assail'd, the red should fence the white.

 

 

 

 

 

 

Emporté loin d’Ardea assiégée

par les ailes perfides du désir parjure,

s’éloigne Tarquin, lubrique essoufflé,

de l’hôte Romain; il porte le feu obscur

à Collatium; sous des tisons anciens,

il aspire à ceindre de feu lubrique

l’amour de Collatin, Lucrèce la pudique.

 

Par malheur cette qualité ‘pudique’ avait

l’heur d’aiguiser sa vive avidité;

Collatin ne put résister à vanter

ces rouges et blancs sublimes qui brillaient

où les astres mortels, en leur empyrée

scintillaient autant que des beautés

célestes, gardant leur éclat éthéré.

 

Dans la tente de Tarquin, la nuit précédente, 

il avait dit le trésor de sa vie;

les cieux lui avaient, avec cette étonnante

épouse, fait don d’une richesse inouïe;

estimant la chance si grande pour lui,

les rois avaient peut-être plus de gloire,

mais aucun n’avait une femme aussi rare.

 

O bonheur connu de quelques élus! 

à peine vécu, aussi vite oublié

que la rosée argentée des débuts,

sous le soleil et sa splendeur dorée !

jours finis avant d’avoir commencés:

honneur et beauté entre les bras du maître,

sont mal protégés d’un monde si traitre.

 

La beauté d’elle-même convainc les yeux

des hommes sans l’aide d’aucun orateur;

alors un panégyrique que peut

il pour une chose de tant de valeur ?

Ou pourquoi Collatine éditeur

de ce joyau, devrait-il le garder

loin des voleurs, étant sa propriété ?

 

L’étalage de la primauté de Lucrèce

put inspirer ce vantard, fils d’un roi;

nos oreilles séduisent souvent nos cœurs:

peut-être le désir d’une chose belle,

plus encore, avait-elle, condescendante,

piqué sa jalousie: des inférieurs

ayant un trésor que veulent leurs supérieurs !

 

Quelque pensée inopportune incita

son impatiente et excessive ardeur;

honneur, affaires, amis, il négligea,

et rang et tout, et part vite sur l’heure

éteindre les braises qui rongent son humeur.

O chaleur impudente, vêtue de frais

repentir, ton printemps ne vieillit jamais !

 

À Collatium ce prince déloyal 

fut bien accueilli par la Dame Romaine,

sur sa face beauté et vertu rivales son visage

luttaient pour être de sa gloire, souveraine;

la vertu fière, la beauté sous peine

de honte rougissait; vantait-elle ses rougeurs,

la vertu vexée, l’argentait de pâleur.

 

La beauté vêtue de blanc, celui des 

colombes de Vénus, relève le défi:

la vertu veut le rouge de la beauté,

que la vertu donna à cet âge d’or ci,

dorant ses joues d’argent, son bouclier;

l’usage au combat, le lui apprenant -

attaque de honte, rouge pour défendre blanc.

 

à suivre

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