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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

W.H.Auden Lettre à Lord Byron (suite)

W.H.Auden  Lettre à Lord Byron (suite)

IV

Encore un bateau; cette fois le Dettifoss.

Grierson peut l’acheter; toute la mer je disais,

nous devons traverser l’atlantique et ses fosses

en route vers les agréables pâturages verts Anglais.

Pro tem j’en ai fini avec les paysages Islandais,

je regarde les collines qui disparaissent ailleurs,

j’entends le bruit sourd des pistons du moteur.

 

J’espère être mieux, plus sage pendant le voyage,

j’ai eu le bon air des bises septentrionales,

de bons compagnons et des chemins qui se dégagent,

j’ai vu de très jolies petites choses;

et bien que la chance ait toujours été du côté de MacNeice,

j’ai passé d’agréables soirées à jouer au rummy -

personne n’a le droit de parler au bridge, sauf le mort.

 

J’ai appris à monter, au moins sur un poney,

fais beaucoup de bons exercices,

sur des montagnes nues et dans des vallées de pierres,

j’ai goûté une source chaude (un peu était sage),

et des plats dont un homme se souvient jusqu’à sa mort.

Tout bien considéré, je tiens l’Islande,

à l’exception de Reyjkavik pour un très beau pays.

 

La partie peut être le symbole du tout:

aussi ressassant toutes ces dernières semaines,

je vois se dérouler la carte de ma jeunesse,

les montagnes de l’âme et les criques de ma psyché,

les villes dont le maître ne parle jamais,

les diverses paroisses et la façon dont-elles ont voté,

les colonies, leur taille et ce pour quoi elles sont remarquées.

 

Un enfant peut demander quand notre drôle d’époque finit

pendant un cours d’histoire, ‘ s’il vous plait, monsieur,

qu’est-ce qu’un intellectuel de la bourgeoisie ?

Est-ce qu’il fait de la céramique

ou choisit-il son roi en tirant au sort ?

Ce qui suit peut le mettre sur la voie,

un conte simple peut être édifiant.

 

Mon passeport dit que je mesure cinq pieds onze,

yeux noisettes et cheveux clairs (comme de l’étoupe),

que je suis né à York en 1907,

sans aucun signe particulier.

Ce qui n’est pas tout à fait juste. Bien en évidence

sur ma joue droite, il y a un grain de beauté,

au bout du compte je crois ne pas le détester.

 

Les ancêtres de mon père étaient tous des Yeomen des Midlands

jusqu’à des revenus des mines de charbon leur donnent du bien;

je pense qu’ils étaient de flegmatiques hommes tranquilles,

les ancêtres de ma mère avaient du sang Normand,

du Somerset à ce que j’ai toujours compris;

mes grand-père des deux côtés

étaient d’accord pour être pasteurs de l’église anglicane.

 

Mon père et ma mère étaient tous deux d’une famille de sept,

même si l’un mourut jeune et qu’un autre n’ était pas présent;

leurs pères furent brutalement rappelés par le ciel

alors qu’ils étaient encore tout petit et ils les laissèrent

pour travailler sur cette terre avec peu d’argent;

une nourrice, un pédiatre, à Bart pour de bon

tous deux furent touchés par les flèches de Cupidon.

 

Ma maison était un lieu de travail mais ’élevé’.

Il n’y eut jamais de père plus doux.

Je donne toute la rue Lombard pour un pâté de berger.

Nous ressemblons à ceux que nous aimons; bien, d’après les voisins,

je ressemble chaque jour davantage à ma mère.

Je n’aime pas les hommes d’affaire. Je sais qu’un protestant

ne s’agenouillera jamais vraiment, il s’inclinera seulement.

 

Ils trouvaient dans les plaisir de l’esprit de grandes joies;

la bibliothèque dans le bureau était suffisante

pour rendre myopes de meilleurs garçons que moi;

notre vieille cuisinière Ada connaissait bien son affaire;

mes frères ainés ne me traitaient pas durement;

nous vivions à Solihull, qui était encore un village,

ceux qui s’occupaient des becs à gaz étaient mes préférés.

 

Le souvenir qui me vient en premier:

celui d’un seuil en pierre blanche et un abcès

de pus que mon père perça sur le patte du terrier;

puis, une touffe de poils bourrée dans la cafetière

qui tua presque ma mère, main non;

tant les psychanalystes que les prêtres

penseront que ces incidents sont extrêmement sinistres.

 

Mon petit cerveau était plein des mythes nordiques,

des faits et gestes de Thor et Loki, et toutes ces scènes;

mon conte préféré était la princesse des glaces d’Andersen;

mais encore plus que les rois et reines

j’aimais voir et connaître les machines,

de ma sixième à ma seizième année

je m’imaginais en ingénieur des mines.

 

Celle que j’imaginais était une mine de plomb,

encore que faute de mieux, une mine de cuivre aurait été bien.

Maintenant j’aime avoir du poids sur mon édredon;

je me déplace toujours avec les transports en commun;

pour ma concentration, j’ai toujours trouvé

qu’une petite pièce est préférable, rideaux tirés, lumière allumée;

alors je peux travailler de neuf heures à l’heure du thé.

 

Je dois admettre que j’étais très précoce

(les enfants précoces deviennent rarement bons).

Mes tantes et oncles pensaient que j’étais atroce

d’utiliser des mots plus adultes que j’aurais du;

ma première remarque à l’école fit tout ce qu’elle put

pour ébranler une matrone à l’ équilibre pompeux;

j’aime voir des garçons de tous milieux.’

 

La grande guerre avait commencé, mais les maîtres et leurs bulletins

et les poings des grands étaient notre guerre à nous;

c’’était aussi inoffensif que les mutins indiens,

les coups de canne du proviseur étaient dangereux.

mais une fois où la moitié des classes se leva contre la guerre,

nous fûmes accusés de ce pêché mortifère,

vouloir que les Huns gagnent la guerre avec le Kaiser.

 

à suivre

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