14 Janvier 2021
Il y a ceux dont les noms sont dans notre mémoire,
Alexandre Jannée, petit- fils de Simon Macchabée, y retrouve sa famille;
Il y a celui que l’on a croisé un jour, il y a bien longtemps, dans les ruines de Mystra, Théophile Paléologue,
le mathématicien lettré, parent du dernier empereur de la ville;
il y a ceux qui sont presque des familiers, Apollonius de Thyane que l’on priait avec Sévère Alexandre;
et puis,
il y a tous ceux que l’on ne croise que chez Cavafy,
Jean Cantacuzène, Anne Commène,
et aussi Oropherne -
lui on s’en souvient,
on le voyait dans les éclairs
au-dessus des ruines du château d’Olipherne,
aider Judith à brandir la tête d’Holopherne.
(Je demande l’indulgence pour cette facilité que je m’accorde, juste gâterie après la très raide montée jusqu’aux ruines d’Olipherne.)
Ces noms, quelquefois imaginés,
à chaque lecture ils reviennent à nous,
comme des voisins,
dont on connaît le visage, le nom,
et rien d’autre,
parce que l’on laisse le mystère - ou l’indifférence…
dissimuler les ruines des vies gâchées,
tandis que nous imaginons ce qui nous attend,
le pesant ennui d’hier;
mais peut-être retrouverons-nous, assis au café
à la table voisine,
le désir qui était le nôtre
dans cet après-midi d’été,
c’était, oui, c’était il y a longtemps,
ce souvenir qu’a gardé notre corps d’avoir été tant aimé,
en ces temps où déjà les poèmes de Constantin
accompagnaient nos mélancolies.
Ce Grec Égyptien, (1863 – 1933), je le lis chez M. Yourcenar, Présentation critique de Constantin Cavafy suivie d’une traduction des Poèmes (collection poésie/Gallimard) et dans les traductions de Dominique Grandmont, Cavafy, Poèmes (Gallimard, coll. Du Monde Entier) et En attendant les barbares et autres poèmes (Gallimard)
© Mermed