28 Juin 2021
Fin de partie est une pièce que j'ai vue quatre fois - interprétée par des acteurs de plus de renommée (Michel Bouquet, Charles Berling et Serge Merlin) mais pas de plus de talent que ceux qui étaient sur scène lors de la dernière représentation à laquelle j'étais- Jacques Pabst, Arnaud Chabert, Sandrine Bauer (également chargée de la mise en scène) et André Sanfratello (le scénographe).
Cette pièce m'ennuie – vous me direz, pourquoi y retourner?
J'aime comprendre ce qui m'échappe dans une œuvre estimée par beaucoup...
Et, hier j'ai été récompensé de mes efforts,
il m'est apparu que tout le théâtre de Beckett sous des noms qui veulent donner à penser - de Godot (god) à Hamm (âme), est une suite de digressions autour d'une discussion entre Lear et son fou (acte 4, scène 1)
Fool you gave me nothing for't. Can you make no use of nothing, nuncle?
Lear Why, no, boy; nothing can be made out of nothing.
Le fou Tu ne n'as rien donné pour ça. Ne peut on trouver une utilité à rien, mon oncle?
Lear Non, mon garçon; rien ne peut être fait à partir de rien.
Le nothing de Shakespeare peut se traduire par néant, et aussi – usage très fréquent chez lui – par le sexe féminin, et les sens de ce 'nothing can be made out of nothing' deviennent vertigineux et impossibles à traduire. Beckett, me semble-t'il, est un funanbule sur un abîme de mots vertigineux.
© Mermed