Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

W H Auden Lettre à Lord Byron

Voicu une proposition de traduction de cette lettre...

Voicu une proposition de traduction de cette lettre...

Vous pouvez être, comme je le suis, l’un de ceux

qui sentent le besoin chrétien d’écrire en prose,

et bien que la poésie soit magie: née du pêché,

vous pouvez la lire pour exorciser le gentil qui est en vous.

 

I

Pardonnez moi, milord, de prendre la liberté

de m’adresser ainsi à vous. Vous acquitterez,

je le sais, ce que doit un auteur et tiendrez

compte de ce qu’un auteur doit effectuer.

Le courrier d’un admirateur n’aura rien de nouveau.

Et alors, un Lord - Grand Dieu, vous devez être marengo*,

comme Coughlin*, Dick Sheppard*ou Gary Cooper.

 

Monsieur’, entament les notes de parfaits étrangers,

j’aime votre lyrisme, mais Childe Harold c’est que couic;’

Ma fille écrit, dois-je l’encourager ?’

quelquefois il y a carrément des demandes de fric,

et aussi de fines allusions à une passion platonique,

et quelquefois - je pense que c’est plutôt saugrenu -

la photo du correspondant entièrement nu.

 

Quant aux manuscrits - par la poste, à l‘encan…

je ne peux avoir après Pope plus d’indignation

mais espérer que cela plaira à son fantôme véhément

d’apprendre, pour la diffusion de la culture, l’utilisation

des nouvelles méthodes de communication,

nouvelles routes, nouveaux rails, des contacts nouveaux,

comme nous le savons avec les documentaires de la G.P.O.*

 

Depuis que les Iles britanniques sont baptistes

une confession à l’église pour beaucoup c‘est trop.

Mais la confession reste un besoin humaniste,

et les anglais doivent les faire à la radio

les auteurs les entendent au petit déjeuner avec le cacao.

Car si on les rate, il ne reste que les murs

des toilettes publiques pour épancher ses murmures.

 

Pourquoi vous écrire avec ostentation:

votre poésie ou la mienne je veux en parler,

mais il y a beaucoup d’autres raisons:

il est pourtant vrai qu’âgé de vingt neuf années,

je viens seulement de lire Dom Juan et que je l’ai aimé.

Je l’ai lu sur le bateau vers Reyjkavik quand

je ne mangeais pas où n‘étais pas souffrant.

 

Maintenant la maison est à des miles, et loin aussi

il y a n’ importe qui, et je suis isolé,

sans comprendre ce que disent les gens ici,

mais tel un chien qui, au ton doit deviner;

dans n’importe quelle autre langue, si je n’y suis pas né,

je ne vaux pas grand-chose, et ici je n’ai pas trouvé ni parrain

ni méthode facile pour me rendre plus malin.

 

L’idée d’ écrire m’est venue aujourd’hui pendant

(j’aime donner des indications de temps et d’espace)

que le car était dans le désert, roulant

entre Mothrudalur et quelque autre place:

les larmes coulaient sur les braises de ma face;

à Akureyi, j’avais pris un rhume carabiné ,

le déjeuner se faisait attendre et j’étais désabusé.

 

Le professeur Housman* a été le premier, je crois,

à dire à quel point sont stimulants

les petits malheurs de la vie, autant de croix,

pour créer, ces rhumes, douleurs, du pauvre patient;

il est vrai que l’on va à peine trop loin en affirmant

que beaucoup d’impeccables divas sont en dette

envers une grippe et non une amourette.

 

Mais il manque encore une explication claire;

pourquoi vous écrire ? Je dois commencer

tout au début, quand je préparais mes affaires.

La paire de socquettes, la boite bien fermée

de thé de chine, le tue-mouches, tout était emballé;

je me suis demandé quel livre lire

en Islande, si jamais j’en éprouvais le désir.

 

Je ne peux pas lire Jefferies sur les Wiltshire Downs,

ni essayer Trollope* dans un évêché,

ou Marie Stopes* dans le sein de sa mère

qui feuillèterait des limericks dans un fumoir ?

Peut-être sentez vous ces choses dans votre hypogée.

Les intellectuels célestes se soucient-ils dans les airs

de Clydeside, des fascistes ou de Mayfair ?

 

 

* Marengo Le brun marengo est une couleur de tissu

* Hugh Richard Sheppard 1880-193 pacifiste anglais

* Charles Edward Coughlin 1891 – 1979 prêtre catho. am.; premier à utiliser la radio .

* G.P.O Governement Public Office

* Alfred Edward Housman 1859 - 1936 poète britannique

* Anthony Trollope 1815 1882 romancier britannique

De tous les romanciers de n'importe quel pays, c'est Trollope qui comprend le mieux le rôle de l'argent. Comparé à lui, même Balzac est un romantique.’ — W. H. Auden

* Marie Stopes 1880 - 1958 militante pour le droit des femmes

à suivre

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article