Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

L'Hôtel du grand cerf

L'Hôtel du grand cerf

Je ne veux pas paraître pessimiste, mais la vérité n'est pas de ce monde. Il n'y a pas d'innocents. Peut-être que la vérité appartient à l'autre monde. Mais comme l'autre monde n'est ouvert qu'aux innocents, je l'imagine vide et désert. La vérité est impraticable. Parole de flic ."

Asseyez-vous et installez-vous confortablement, car ce que je vais vous raconter est l'intrigue d'un livre avec le commissaire Maigret aux prises avec l'enquête ; la différence est qu'ici nous avons affaire à l'inspecteur Vertigo Kulbertus et rien ne sera plus jamais comme avant. L'histoire se déroule dans un petit village des Ardennes, Reugny. L'endroit est devenu célèbre pour la mort inexpliquée de la célèbre actrice Rosa Gulingen, retrouvée dans la baignoire d'une chambre d'hôtel quarante ans plus tôt, noyée. A l'occasion d'un projet documentaire qu'ils voulaient consacrer à la mort de la femme, le jeune Nicolas Teque a été envoyé chercher des informations. Il a fait des petits boulots comme assistant réalisateur, outilleur, photographe, tout pour se débrouiller tous les jours. Certes, à son arrivée, il ne s'attendait pas à se retrouver au milieu d'une série de crimes sanglants... Reugny est un village d'apparence calme, rythmé par des rythmes lents et des activités de travail qui se résument à l'Hôtel du grand cerf, dirigé par Thérèse Londroit et au Centre de Motivation, ouvert par Richard Lépine et réputé dans toute l'Europe pour les séminaires et stages organisés pour des entreprises.  On est dans un trou perdu au milieu des Ardennes, dans un hiver sans fin et où l'été se perd dans de brefs éclairs de lumière d'interminables étendues de nuages.
Les meurtres barbares qui sont commis dans le pays obligent l'inspecteur Vertigo Kulbertus, à quinze jours de la retraite, à se rendre à Reugny pour enquêter. Obèse, il ne s'est pas pesé depuis vingt-cinq ans et est bien plus célèbre pour sa corpulence que pour sa capacité à résoudre des affaires. Pas un mauvais flic, mais pas de chance. Aussi, il se déchaîne en mangeant. Ses manières extravagantes ont une logique, celle de cacher ses véritables intentions, de tromper et de déstabiliser. Sa méthode est de ne pas avoir de méthode. Plus personne ne doit rien comprendre. Personne n'a besoin de savoir qui cherche qui, qui a tué, qui n'a pas tué. Je les veux tous dans le même bateau. Je veux semer la panique .
Derrière les discours grotesques, on sent un esprit, une logique tordue, une sorte d'inspiration, il n'y a pas d'autre façon de le définir. Il est irrité, car personne dans la hiérarchie ne comprend l'importance de son enquête. C'est ainsi qu'il ventile sa nourriture, mangeant des boulettes de viande et des frites, buvant des litres et des litres de bière - sans mousse toutefois - en gardant la lucidité nécessaire pour retrouver les responsables. Peut-être lui-même ne se prend-il pas trop au sérieux, ou peut-être est-ce une façon tordue de faire croire qu'il n'est pas à la hauteur pour mener les enquêtes qu'on lui a confiées.  Bartelt est très habile à créer un polar très généreux de pensées qui donnent d'excellentes pistes de réflexion, de personnages caricaturaux, burlesques, mais empreints d'ironie et de vérité.
"
C'est parce que vous ne vous souciez pas des gens qui vous parlent. Vous ne voulez pas les connaître dans leur nudité. En acceptant les mensonges qu'ils vous racontent, ils sauvegardent les mensonges que vous vous racontez sur vous-même. Je ne blâme pas, attention. Sans illusions, la vie serait insupportable. Nous ne vivons que de connivence et d'ambiguïté. 

Chaque passage du roman déclenche des émotions contradictoires, de la colère ou de l'hilarité, parfois même de la douleur et – hélas, arrive le mot fatidique: fin après que Culbertus a résolu au moins une affaire. 
Roman aussi irrévérencieux et brillant que tout ce qu'écrit Franz, et c'est d'autant plus brillant que c'est toujours totaelment modeste.

Bravo l'artiste !

Et merci.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article