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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Tár

Tár

J'étais rempli d'inquiétudes obtuses à propos du psychodrame entièrement scandaleux, délirant et sensuel de Todd Field avec Cate Blanchett dans le rôle de Lydia Tár, la cheffe d'orchestre qui commence à se défaire et à se détraquer. D'autant plus inquiet que le film commence par cinq minutes de générique...

Mais personne d'autre que Blanchett n'aurait pu livrer la hauteur impérieuse nécessaire pour dépeindre un grand musicien se dirigeant vers une crise ou une épiphanie créative.

Personne d'autre que Blanchett n'a la bonne manière de porter un costume noir deux pièces avec une chemise blanche à col ouvert, la manière de secouer ses cheveux dans les moments d'abandon, la manière de laisser son visage devenir un masque de mépris de Toutankhamon.

Sa performance vous percera comme la baguette d'un chef d'orchestre dans le cœur (bien que le vrai chef d'orchestre Marin Alsop, directeur musical de l'Orchestre symphonique de Baltimore, se soit plaint des parallèles apparents entre sa propre vie et celle de Tár, et il n'y a jamais eu de suggestion d'actes répréhensibles dans la propre carrière d'Alsop).

Tár s'est inventée dans la direction d'orchestre : aucun autre métier et aucune autre carrière musicale n'aurait pu fonctionner. Une partie de la perte de contrôle de Tár est due à sa réaction intense au Concerto pour violoncelle d'Elgar, qu'elle voudrait interpréter avec sa protégée: l'extravagance et le dérangement de la musique. Cela résonne avec elle et avec nous.

Le film, sans l'exceptionnelle performance de Cate, serait tout juste moyen,  à travers elle - il devient un grand moment de cinéma.

 

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