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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Vénus et Adonis strophes 162 - 171

Palais de Caserta, Fontaine de Venus et Adonis.

Palais de Caserta, Fontaine de Venus et Adonis.

Or, as the snail, whose tender horns being hit,

Shrinks backwards in his shelly cave with pain,

And there, all smother'd up, in shade doth sit,

Long after fearing to creep forth again;

So, at his bloody view, her eyes are fled

Into the deep dark cabills of her head;

 

Where they resign their office and their light

To the disposing of her troubled brain;

Who bids them still consort with ugly night,

And never wound the heart with looks again;

Who, like a king perplexed in his throne,

By their suggestion gives a deadly groan,

 

Whereat each tributary subject quakes;

As when the wind, imprison'd in the ground,

Struggling for passage, earth's foundation shakes,

Which with cold terror doth men's minds confound.

This mutiny each part doth so surprise

That from their dark beds once more leap her eyes;

 

And, being open'd, threw unwilling light

Upon the wide wound that the boar had trench'd

In his soft flank; whose wonted lily white

With purple tears, that his wound wept, was drench'd:

No flower was nigh, no grass, herb, leaf, or weed

But stole his blood and seem'd with him to bleed.

 

This solemn sympathy poor Venus noteth,

Over one shoulder doth she hang her head,

Dumbly she passions, franticly she doteth;

She thinks he could not die, he is not dead:

Her voice is stopp'd, her joints forget to bow,

Her eyes are mad that they have wept till now.

 

Upon his hurt she looks so steadfastly,

That her sight dazzling makes the wound seem three;

And then she reprehends her mangling eye,

That makes more gashes where no breach should be:

His face seems twain, each several limb is doubled;

For oft the eye mistakes, the brain being troubled.

 

'Alas! poor world, what treasure hast thou lost!

What face remains alive that's worth the viewing?

Whose tongue is music now? what canst thou boast

Of things long since, or anything ensuing?

The flowers are sweet, their colours fresh and trim;

But true-sweet beauty liv'd and died with him.

 

'Bonnet nor veil henceforth no creature wear!

Nor sun nor wind will ever strive to kiss you:

Having no fair to lose, you need not fear;

The sun doth scorn you, and the wind doth hiss you:

But when Adonis liv'd, sun and sharp air

Lurk'd like two thieves, to rob him of his fair:

 

'And therefore would he put his bonnet on,

Under whose brim the gaudy sun would peep;

The wind would blow it off, and, being gone,

Play with his locks: then would Adonis weep;

And straight, in pity of his tender years,

They both would strive who first should dry his tears.

 

'To see his face the lion walk'd along

Behind some hedge, because he would not fear him;

To recreate himself when he hath sung,

The tiger would be tame and gently hear him;

If he had spoke, the wolf would leave his prey,

And never fright the silly lamb that day.

 

 

Ou, comme l‘escargot, cornes fragiles touchées,

qui va dans sa coque de nacre pour gémir,

là, assis dans l’ombre, il va étouffer

attendant longtemps pour oser sortir;

à cette vue sanglante, ses yeux se rétractent

dans leurs sombres et profondes orbites.

 

Là ils laissent charge et lumière aux soins

de leur esprit troublé; il leur enjoint:

convolez avec les ténèbres hagards,’

sans jamais blesser les cœurs d’un regard;

comme un roi sur son trône, plein de questions,

le cœur gémit durement aux suggestions,

 

À ce cri tous les sens vibrent; comme le vent,

captif de la terre, cherchant à passer

secoue la terre dans ses fondements,

étonnant l’âme des hommes d‘une peur glacée.

Cette mutinerie surprend chaque sens ainsi

que ses yeux sortant de leurs sombres nids.

 

Ils illuminent à regret la blessure

béante de son sein, due au sanglier;

les larmes du sang de sa déchirure

inondent sa pâleur immaculée;

fleurs, herbe, feuilles ou adventices avaient

volé son sang, tous, semblait ’il, saignaient.

 

La pauvre Venus voit cette sympathie

solennelle, sur l’épaule elle penche la tête,

elle souffre muette, délire de folie;

il ne pouvait mourir, il n’est pas mort:

elle ne peut plus bouger, sa voix s‘arrête,

les yeux furieux d’avoir pleuré jusqu’alors.

 

Elle ne cesse de fixer sa plaie des yeux,

sa vue éblouie lui en montre trois;

elle reproche alors à ses yeux hors d’eux

que là où elle ne devrait être, elle croît:

son visage, tous ses membres sont dédoublés;

l’œil se trompe quand le cerveau est troublé.

 

Mes mots ne savent pour un, dire ma douleur,

alors,‘ dit-elle, ‘voire deux Adonis défunts !

j’ai épuisé mes soupirs et mes pleurs,

mes yeux deviennent feu, mon cœur de l‘airain:

qui fond dans la fournaise de mes yeux !

je meurs dans les larmes du désir de feu.

 

Quel trésor est perdu, pauvre cosmos !

quel visage vivant vaut d’être regardé ?

quelle langue est musique dès lors ? de quelle chose

passée ou future peux- tu te vanter ?

Les fleurs sentent bons, frais sont leurs coloris;

mais la beauté vécut, mourut en lui.

 

Que nul ne porte plus voile ou calot !

vent ni soleil ne vous embrasseront:

n’ayez peur, vous ne pouvez perdre le beau;

le soleil vous moque, les vents siffleront:

Adonis vivant, vent, soleil étaient

des voleurs à l’affut de sa beauté.

 

C’est pourquoi il mettait son calot; sous

le bord passait le soleil criard;

le vent l’ôtait, car il voulait qu’il joue

dans ses boucles; Adonis pleurait plus tard;

bien vite, son jeune âge les attendrissait,

pour sécher ses larmes, ils rivalisaient.

 

Pour voir son visage, le lion se glissait

derrière une haie, sans lui faire peur;

pour apprécier son chant, s’apprivoisait

le tigre qui l’écoutait pris de langueur;

il parlait, le loup en laissait sa proie,

n’étant plus pour l’agneau naïf un effroi.

 

à suivre

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