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Effleurements livresques, épanchements maltés

J'ai écrit et j'écris les textes de ce blog; beaucoup sont régulièrement publiés en revues; j'essaie de citer mes sources, quand je le peux; ce sont des poèmes ou des textes autour des gens que j'aime, la Bible, Shakespeare, le rugby, les single malts, Eschyle ou Sophocle, la peinture, Charlie Parker ou Sibelius, la définition de l'infini de David Hilbert, les marches ici et ailleurs...Et toujours cette phrase de Halldor Laxness: 'leur injustice est terrible, leur justice, pire encore.' oliphernes@gmail.com

Mermed (4)

Mermed  (4)

 

            Vance l’appelle, il doit l’appeler depuis quelque temps déjà, même ici pas moyen de rester dans ses souvenirs…

- Qu’est ce qu’il y a?

- On est bloqué jusqu’à ce soir, pas de travail sauf pour les cuisines.

- Pourquoi?

- Tu sais bien, ils ont trouvé un corps dans la cour.

- Ah oui, c’est vrai.

 

Elle avait fini son repas. Ils avaient repris un café.

- Il pleut toujours autant, je vais aller chercher ma voiture et nous prendrons vos affaires en passant.

- Il faudra rapporter la clef à Monsieur Georges.

Il s’était levé, en passant devant Toni, il lui avait dit de lui marquer ses consommations, la tournée d’apéritifs et le repas de la fille et qu’il le paierait le lendemain.

Quelques minutes plus tard il était revenu,

- Nous pouvons y aller, Béatrice

Elle s’était levée,

- Combien vous dois-je Madame?

- C’est déjà réglé.

- Qui?

- Mermed

- Ce n’est pas raisonnable, Mermed mais merci.

Elle avait dit à Georges qu’elle lui rapportait les clefs dès qu’elle aurait pris ses affaires et ils étaient partis.

Il avait fallu deux heures pour aller à Toulouse, la pluie était pratiquement aussi forte que celle qui s’abattait sur ces pauvres gens en Afrique. Il le lui avait dit. Elle connaissait l’Afrique, ils en avaient parlé et aussi des pays où ils avaient été, elle en connaissait beaucoup, lui en connaissait quelques-uns uns, des pays où il avait été en mission, le Koweït, le Liban, la Yougoslavie et un seul où il avait été en vacances, le Brésil. Elle l’avait fait parler de lui, il lui avait dit son enfance, son peu de goût pour l’école, ses fugues, son engagement à la légion. Et malgré les deux heures de route, Toulouse était arrivée bien trop vite. Pendant qu'il prenait de l'essence, elle avait téléphoné.

- J’ai eu mon amie, je vais aller chez elle, c’est ce que je fais quand mon mari n’est pas là.

Il lui avait demandé l’adresse, il ne connaissait pas, elle l’avait guidé. Il ne pleuvait plus.

- Merci, Mermed, merci beaucoup.

Il regrettait tellement de la quitter déjà... alors, encore une fois, il avait osé,

- J’aimerais vous revoir Béatrice.

- Mermed…

- J’aimerais vraiment.

- Non, Mermed.

Ce refus l’avait frappé comme un coup de poing, elle l’avait bien vu, alors elle avait dit,

- Que sera sera. Aujourd’hui c’est le hasard qui m’a fait tomber en panne, le hasard qui m’a fait arriver jusqu’à ce village, jusqu’à ce bar où vous étiez. Donnons sa chance au hasard, si nous nous rencontrons à nouveau, ce sera la chance, mais il faudra une troisième rencontre pour que ce soit notre destin. Jusque là restons en au hasard.

- Sans tricher?

- Sans tricher.

- Ça risque d’être long…

Ils s’étaient quittés, il l’avait aidé à porter son sac jusqu’à la porte de la résidence et il était reparti. Il ne pleuvait plus. Il repassait toute leur conversation dans sa tête, il s’accrochait à toutes les inflexions de la voix de Béatrice, Béa à qui il avait plus parlé en deux heures qu’il ne l’avait jamais fait dans toute sa vie.

 

Les policiers sont arrivés. Ils sont quatre. Lemek les attend, accompagné du Chef.

- Monsieur le Directeur ? Je suis Danielle Babel, vous connaissez ces messieurs, je crois.

- Oui, bonjour Madame, bonjour Messieurs.

Madame Babel est accompagnée par l’inspecteur Chef Ichebac et les inspecteurs Blanc et Rolles.

- Je vous accompagne.

Ils arrivent sur les lieux de l’incendie.

- Vous voyez le pied, là. Dès que nous l’avons vu, nous n’avons plus rien touché.

- Très bien. Qu’est ce qui s’est passé?

Le Chef raconte les événements depuis quatre heures du matin. Le récit terminé, la commissaire demande à Rolles et Blanc de faire des photos et de dégager l’amas de cendres qui recouvre encore le pied et certainement le corps.

- Je crois que l’on n’aura plus besoin du Chef, vous avez noté sa déposition, Ichebac?

- Oui.

- Vous avez terminé avec lui?

- Oui.

- Vous pouvez rentrer chez vous, lui dit Lemek.

Pendant que le travail de déblaiement se fait, Babel et Ichebac questionnent Lemek:

- Tous les détenus sont là?

- Oui, on a fait une ronde et un appel tout de suite après la découverte de l’incendie.

- Tout de suite?

- Dans le quart d’heure qui a suivi, tout le monde était là.

- Et les gardiens?

Gomer, le surveillant Chef, est en train de faire le point, ça va prendre un peu de temps parce que j’ai du personnel en récupération et en congé.

- Il n’y a pas d’autres personnes qui travaillent ici?

- Si,

Et Lemek explique que tout le service médical est assuré par des personnels de l’hôpital, le service scolaire par des membres de l’éducation nationale, il y a aussi l’aumônier, le pasteur, les visiteurs de prison, les conducteurs des camions de livraison et le contremaître de la papeterie.

- La papeterie?

- L’entreprise qui gère l’atelier.

Cette entreprise est agréée par l’administration et le contremaître travaille dans la prison depuis des années.

- On reviendra sur tout ça plus tard. Vous avez un système de surveillance?

- Oui, bien sûr. Des caméras à tous les étages, dans toutes les zones de circulation, à l’atelier, à la cuisine, dans le gymnase, dans le sas d’entrée et des caméras qui couvrent tout l’extérieur, les deux cours, les murs. Elles sont reliées aux écrans du poste central de surveillance où il y a trois gardiens en permanence.

- Et ici?

- C’est le seul point de la prison où il n’y a pas de caméra, mais il est inaccessible sans passer par le sas.

- Il y a des détecteurs d’incendie?

- Oui, partout sauf ici.

- Vous avez enfermé tous les détenus?

- Oui.

- Ichebac, vous aller prendre les dépositions des gardiens qui étaient là cette nuit et ensuite, si Monsieur le Directeur est d’accord, ils pourront rentrer chez eux.

Lemek appelle Gomer pour qu’il fasse préparer les deux pièces réservées aux interrogatoires des détenus et qu’il les mette à la disposition des policiers.

Ichebac monte au premier étage et prend les dépositions de Toubal, Dedan et Hazo.

Madame Babel prend celles de Lemek et du contremaître; elle ne veut pas quitter l’endroit où a eu lieu l’incendie. Les travaux de déblaiement avancent doucement, les deux policiers ne veulent pas prendre le risque de laisser passer le moindre indice.

- ça sent l’essence non?

- Oui.

Gomer revient,

- Nous avons pu joindre tous les gardiens, tout le monde est là.

- Et les personnes de l’extérieur?

- Ça sera un peu plus long, on devrait finir dans la matinée.

Blanc vient vers la commissaire,

- ça y est le corps est dégagé.

Ils approchent, il y a un corps, les vêtements ont été brûles par l’incendie, c’est le corps d’une femme, le visage est méconnaissable, horriblement mutilé.

- On dirait que le visage a été arrosé d’acide.

- On appelle le labo, on ne touche plus à rien.

 

 

à suivre

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