28 Février 2023
Avez-vous passé assez de temps à Karatas, le plus petit, le plus fou microcosme ?
Ce village fictif du Kazakhstan rural,
peuplé exclusivement d'ignorants, de lâches, de comiques et de corrompus,
fournit une toile de fond austère et absurde
à ce film du réalisateur kazakh Adilkhan Yerzhanov.
Logique et cohérence narratives sont des consommables.
Le bon goût, aussi, qui peut être jeté avec autant de désinvolture
que l'une des insultes bégayées
qui représentent environ 80% du dialogue.
Le film est situé à une distance si ironique de la vie réelle
(souvent littéralement:
dans de vastes étendues enneigées qui réduisent les gens
à des contours glissants comme dans un Bruegel particulièrement sombre)
qu'il rend la tragédie potentielle entièrement abstraite.
L'œil de Yerzhanov pour les chorégraphies inventives
et les compositions saisissantes n'a jamais été aussi aiguisé.
Il doit être parmi les plus grands praticiens de l'impassible,
de la symétrie biaisée, de l'interruption à l'esprit sec.
Bienvenue à Karatas : vous en sortirez peut-être vivant,
mais vous n'en sortirez pas indemne.
Je ne vais pas m'étendre davantage,
pour résumer,
vous aimez Edouard Balladur, fuyez...
Vous accordez du crédit à Olivier Véran, ce film ne vous plaira pas.